Publié le 04/02/2016 à 09h52 /

Influenza aviaire : «Les mesures initiales ne suffisaient plus»

// Vétérinaire au sein du cabinet Abiopôle d’Arzacq (Pyrénées-Atlantiques), François Landais est spécialiste des productions avicoles. Invité au congrès de la FDSEA des Landes, il est venu apporter de précieuses informations techniques sur le dossier de l’influenza aviaire. Des éléments sanitaires qui permettent de mieux comprendre la situation de crise et les mesures décidées par les pouvoirs publics.

L’influenza aviaire entre dans la catégorie des maladies à déclaration obligatoire.

Le vétérinaire a tenu d’abord à revenir sur le cadre réglementaire très précis qui accompagne ce type de pathologie. L’influenza aviaire entre dans la catégorie des maladies à déclaration obligatoire, extrêmement réglementées. «C’est notamment une garantie demandée dans les échanges commerciaux», rappelle-t-il.

L’attitude du Japon, qui n’a pas hésité à stopper ses importations dès le mois de décembre, illustre cette problématique. En pratique, le statut indemne d’un territoire peut être retrouvé trois mois après la levée du dernier foyer.

Des virus capables de muter

Concernant l’épisode actuel qui touche le Sud-Ouest, les virus influenza aviaire provoquent surtout des ravages sur les animaux du genre gallus. «La mortalité peut être colossale sur poulets, pintades ou dindes… Le cas le plus sévère observé lors de cet épisode s’est traduit par la mortalité d’environ 80% des volailles en l’espace de cinq jours». De leur côté, les palmipèdes ne développent que des symptômes très faibles voire inapparents. D’où des difficultés supplémentaires pour lutter contre une telle épizootie.

De plus, les virus Influenza aviaire sont des virus à ARN, capables de muter assez fréquemment. Heureusement, ceux-ci sont relativement fragiles dans le milieu extérieur. Dans des conditions de températures basses, leur durée de vie atteint quelques semaines. Au-dessus de 35 degrés Celsius, ils meurent en l’espace de quelques heures ou quelques jours. Leur excrétion par des animaux porteurs se fait par les voies respiratoires et digestives (d’où la problématique des effluents d’élevage).

S’agissant des causes de l’apparition du virus, «la mutation du H5N1 vers la forme hautement pathogène a certainement eu lieu courant 2015 dans le compartiment palmipèdes, indique François Landais, mais sa diffusion vers la volaille n’a eu lieu qu’en novembre dernier seulement, dans la basse-cour de Biras en Dordogne». Cette latence s’explique certainement par des températures élevées ayant empêché la diffusion du virus.

«Un mal nécessaire»

Avec une multiplication rapide du nombre de foyers, la situation est devenue beaucoup plus complexe. Même si la plupart des cas ont concerné des palmipèdes qui n’ont exprimé aucun signe clinique, le niveau de contamination a atteint des proportions très importantes. «Sur 71 lots de canards testés dans le cadre des dérogations de mouvement, 36 sont sortis positifs dans le Sud-Ouest», précise François Landais.

Dans un tel contexte, «les mesures initiales ne pouvaient pas suffire, poursuit le vétérinaire. Elles visaient à limiter la contagion, mais ne pouvaient en aucun cas permettre d’éradiquer le virus». À ses yeux, le processus d’éradication est donc un «mal nécessaire» et un procédé obligatoire qui a toujours été mis en œuvre lors des précédentes épizooties (Lire ci-dessous).

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Le dépeuplement imposé par le gouvernement était donc inévitable. «Il s’agit maintenant de retrouver un statut “indemne” d’ici l’été 2016. Pour cela, plus aucun virus hautement pathogène ne doit être en circulation». À plus long terme, François Landais rappelle que l’enjeu sera aussi de conserver ce statut. Pour cela, des changements dans les modèles de productions des palmipèdes seront nécessaires, ainsi que des évolutions au niveau de la surveillance sanitaire. «Il faut pouvoir sortir par le haut de cette crise, en mettant en place un modèle d’élevage durable et performant en termes de sécurité sanitaire».

F. Brèthes & B. Ducasse

D’autres cas d’influenza dans le Monde

L’épisode le plus récent sur le front de l’influenza aviaire s’est déroulé aux États-Unis en 2015, avec la circulation du virus H5N2. En l’espace d’un mois, environ 25 foyers ont été constatés, principalement concentrés dans l’État de l’Iowa. 60 millions de volailles ont alors été euthanasiés, dont 50 millions de poules pondeuses.
En 2003, un épisode est également venu aux Pays-Bas. Environ 250 foyers avaient été déclarés, avec la souche H7N7. Les pouvoirs publics ont alors décidé l’euthanasie de 30 millions de volailles. A posteriori, les pertes économiques ont été évaluées à 500 millions d’euros.

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