Une exploitation agricole qui a nourri une famille d’agriculteurs durant des dizaines d’années mais qui n’a pas de suite est, malheureusement, vouée à disparaître… Tous les jours, Mirentxu Hirigaray se bat contre cette fatalité. Ainsi, la conseillère de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques arpente les routes du département à la rencontre d’agriculteurs. Au fil des rencontres, elle s’efforce de démocratiser la transmission des exploitations et l’installation hors cadre familial…

Mirentxu Hirigaray travaille à partir du répertoire départ installation (RDI). Cette plateforme regroupe des agriculteurs cédants, des repreneurs potentiels ou associés dans l’objectif de les mettre en relation. C’est ainsi que chaque année, près de 200 conseils de transmission sont réalisés en Béarn et Pays basque.

Transmission et réussite

Pour une personne désireuse de se lancer dans le monde agricole, partir de zéro est très difficile. Et pour quelqu’un qui souhaite prendre la retraite, laisser ce que l’on a construit au fil des ans et le voir disparaître, du jour au lendemain, est très dur. La transmission d’un outil constitue alors une réelle opportunité.

Fort de sa propre expérience, notamment à la tête des Jeunes Agriculteurs, Laurent Chériti connaît bien le sujet de l’installation. En 2003, c’est hors cadre familial qu’il s’installe en rejoignant un GAEC à Casteide-Candau, avec trois associés de familles différentes. «Transmettre un outil viable est un gage de succès au niveau de l’installation», note-t-il.

«L’installation apporte une véritable plus-value à l’exploitation par rapport à la simple intégration d’un salarié dans l’effectif, approfondit Iban Pébet, président des JA. La venue d’un jeune, c’est une vision, de nouvelles idées, une pâte, ce n’est pas une simple main-d’œuvre».

L’objectif du RDI est tout là : «Réunir tous les éléments pour que le passage du relais se fasse dans les meilleures conditions, ajoute la conseillère. Une exploitation ne se retrouve pas sur le répertoire du jour au lendemain. En amont, un important travail doit être mené pour que tout le monde soit satisfait». Le point de départ de la démarche est le PAIT (point accueil installation transmission), tenu dans les locaux de la chambre d’agriculture.

Pour la transmission, il y a aussi plusieurs étapes. «Une première rencontre est fixée avec le cédant, explique l’animatrice du RDI. Il s’agit là de proposer d’éventuelles solutions pour transmettre l’outil». Toutes les modalités administratives (achats, locations de l’outil…) sont ainsi définies lors de ce rendez-vous.

Un audit essentiel

Ensuite, si la personne souhaite poursuivre sa démarche, un audit peut être réalisé afin de construire le projet de transmission. Simple état des lieux de la situation, l’audit permet ainsi d’évaluer l’exploitation au regard du potentiel repreneur. «Tous les éléments doivent être pris en compte. Si, par exemple, aucuns travaux n’ont été réalisés depuis dix ans sur l’exploitation, le repreneur va devoir effectuer d’importants investissements. Il faut donc anticiper ces choses-là…». L’annonce peut ensuite être inscrite au RDI.

Dès lors, la conseillère organise des rencontres entre cédants et potentiels intéressés. Après cette première approche, pour tester la compatibilité entre les deux personnes, le repreneur peut mettre le pied à l’étrier le temps d’un parrainage. «Le futur installé peut s’exercer en présence du cédant. Au-delà de la transmission matérielle de l’outil, cela permet à l’agriculteur de partager son savoir-faire et de bien connaître la personne qui prendra les rênes de son exploitation. Souvent, ça rassure les deux candidats», souligne Mirentxu Hirigaray.

Pour le cédant, la transmission s’avère être une belle façon de mettre un terme à sa carrière professionnelle en se réjouissant de faire perdurer son outil de travail.

Baptiste Ducasse