Publié le 09/04/2018 à 11h20 /

2018, «année de transition» pour la filière foie gras

// Selon les chiffres présentés par le Cifog, la filière a réussi à sauver sa saison 2017 en valeur, malgré un nouveau recul de sa production de - 20%, pour la deuxième année consécutive de crise sanitaire.

La hausse des prix n’a pas arrêté les consommateurs, toujours très attachés au foie gras. Sur la semaine décisive du 18 au 24 décembre, les ventes en volume ont ainsi progressé de 7,7% malgré une hausse moyenne des prix de 20% sur la période.

Après deux crises sanitaires successives, les ventes de foie gras ont bien résisté l’an dernier malgré un contexte difficile. C’est le principal message qu’a voulu faire passer le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog) à l’occasion d’une conférence de presse, le 28 mars, sur ses résultats annuels.Les ventes de foi

e gras ont ainsi augmenté de 1% en valeur, mais baissé de 12,8% en volumes l’année dernière. Des résultats contrastés, mais directement en lien avec une nouvelle chute de la production de près de 20%, due à la crise de l’influenza aviaire. Une baisse comparable à celle que la filière avait déjà connue l’année dernière.

Ainsi, «sur l’ensemble de l’année 2017, les Français ont acheté environ 4.200 tonnes de foie gras en grandes et moyennes surfaces — dont environ 3.200 tonnes sur les trois derniers mois de l’année — contre environ 4.830 tonnes en 2016 et 5.330 tonnes en 2015», note le Cifog.

Les stigmates de l’influenza

De plus, en raison de la diminution de l’offre disponible, l’espace occupé par le foie gras s’est à nouveau réduit dans les magasins en 2017 par rapport à 2016. En hypermarchés, le nombre moyen de références proposées aux consommateurs a diminué de 15,4% par rapport à 2016, année qui avait déjà enregistré un recul de 15,5% par rapport à 2015. «Cette diminution de la disponibilité et de la visibilité a entraîné un recul mécanique des ventes», souligne l’interprofession.

Avec les conséquences du H5N1 en 2015-2016 puis du H5N8 en 2016-2017, la production est passée à 23 millions de canards en 2017, contre «environ 37 millions en 2015», a rappelé Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog. 2018 devrait ainsi être «une année de transition», a-t-elle insisté alors que la filière — dont près de 3.500 éleveurs — devrait toucher «350 millions d’euros d’aides pour la couverture de ces deux crises» et mettre en place un plan d’investissement pour «mieux circonscrire les problèmes sanitaires». Ce dernier comprendra notamment «un dépistage rendu obligatoire avant tout mouvement d’animaux», ou encore l’obligation de «rentrer les animaux dès un passage en zone à risque», ce qui nécessitera la construction de près de 750.000 m de bâtiments dans les cinq ans.

Un plan stratégique sur 5 ans

Ces mesures feront partie du futur plan stratégique à cinq ans que devrait présenter la filière. Ce dernier sera articulé autour de deux axes stratégiques : tendre vers une filière durable, qualitative et adaptée à la demande ; valoriser des produits de la filière pour une juste rémunération de tous les acteurs de la filière.

Ce plan inclura aussi un volet sur le bien-être animal, notamment en généralisant une durée de 10 à 14 jours pour la période de gavage, selon les types de production. «La durée de gavage est déjà passée de 30 à 12 jours en 30 ans», a rappelé Michel Fruchet, président du Cifog. Surtout, le comité se donne pour objectif de retrouver ses parts à l’export.

Cette année, malgré la fermeture de certains marchés asiatiques, notamment le Japon, la balance commerciale s’est fixée à + 22,90 millions d’euros, contre +22,60 millions d’euros en 2016. Un chiffre qui est encore «loin de l’excédent de 2015 qui s’était élevé à près de 57 millions d’euros», a rappelé Marie-Pierre Pé. La filière souhaite ainsi atteindre l’objectif de «100 millions d’euros d’excédents» d’ici 5 ans, une perspective jugée atteignable, notamment par la reconquête de marchés en Asie.

Le foie gras toujours plébiscité

Le contexte difficile qu’a connu la filière ces derniers temps n’a pas entamé la confiance des Français, relève le Cifog dans son communiqué de presse. Selon un sondage, ils sont en effet 93% à déclarer faire confiance au foie gras en matière de qualité gustative, de sécurité alimentaire pour 87% et de traçabilité pour 82% : «Une forme de reconnaissance du travail des professionnels qui se sont mobilisés afin d’éradiquer le virus et ont mis en place de nouvelles règles de production durables», note le Cifog.
Le foie gras a une place bien particulière dans le cœur des Français : 96% s’accordent à dire que «le foie gras fait partie du patrimoine gastronomique français» et 89% que «le foie gras participe au rayonnement de l’art de vivre et de la culture gastronomique française dans le monde».

 

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