Publié le 12/04/2018 à 17h43 /

Quand la pluie tarde, les semis traînent

// La pluviométrie soutenue de ces derniers mois n’a pas encore permis aux agriculteurs d’implanter leurs cultures de printemps qui ont quinze jours de retard sur les plannings habituels… Pour Clémence Aliaga, ingénieur régional d’Arvalis, si la situation n’est pas idéale, elle n’est pas alarmante.

Il faudra une période de beau temps assez longue pour que les sols se ressuient correctement et que les agriculteurs puissent rentrer dans les champs sans trop de problème.

Depuis le mois de décembre, la région a enregistré de fortes précipitations presque ininterrompues rendant l’accès aux parcelles quasi impossible. À l’heure où la campagne de semis pour les cultures de printemps devrait battre son plein, la situation commence à devenir préoccupante. «Aujourd’hui, on n’a pratiquement rien fait, notait lundi Michel Desvignes, directeur opérationnel des productions végétales chez Maïsadour. Il y a peut-être eu quelques parcelles implantées en Haute Lande la semaine dernière, mais rien de plus. On a quinze jours de retard sur les plannings habituels. Et la météo ne laisse pas présager une belle semaine… Je crains qu’avant début mai, il n’y ait pas grand-chose.»

Clémence Aliaga, ingénieur régional d’Arvalis, est plus optimiste. «Météo France annonce une belle semaine à partir de dimanche. Peut-être cela offrira une fenêtre favorable aux agriculteurs.» Là où les deux professionnels se rejoignent, c’est que, si la situation actuelle n’est pas idéale elle n’est pas encore alarmante.

Une situation pas alarmante

«Ce n’est pas encore la catastrophe, assure Clémence Aliaga. Nous ne sommes pas dans une région dans laquelle il faut absolument semer très précocement.» Michel Desvignes confirme. «Même si les semis n’interviennent que début mai, il n’y aura pas trop de modifications sur les assolements.» En revanche, passé le 15-20mai, le contexte pourrait être tout à fait différent.

«Cette année, nous avons la problématique du Sonido. C’est la dernière année que ce traitement des semences directement sur la graine de maïs est autorisé. Et en conséquence, les semences ne seront ni reprises, ni échangées.» Or, elles ont déjà été commandées et même partiellement livrées chez les agriculteurs… Mais Michel Desvignes ne veut pas être alarmiste. «Il nous reste du temps d’ici là. Nous ne sommes pas encore au stade de devoir changer les variétés.»

Reste que tout le monde espère l’arrêt rapide des précipitations. «Plus que cela, il faudra un épisode de beau temps assez long car les sols ne sont pas ressuyés, reprend Clémence Aliaga. Avec les terrains gorgés d’eau, certains agriculteurs n’ont pas encore pu détruire leurs couverts hivernaux, ce qui va mécaniquement retarder encore les semis.» Si la zone des sables ne pose pas trop d’inquiétude, la situation pourrait être plus compliquée pour le sud de la région aux terres plus lourdes, comme en Chalosse.

Des nappes bien remplies

Le contexte actuel n’est pas inédit. «Notre région est souvent sujette à ce genre de dérèglement climatique», poursuit Clémence Aliaga. Déjà en 2013, les semis avaient été très tardifs du fait d’une pluviométrie de printemps assez soutenue… «C’est sûr que les meilleures conditions pour optimiser le maïs, ce sont des semis précoces et un démarrage rapide, estime Michel Desvignes. Avec des semis tardifs, on perd du potentiel et on s’expose à des conditions plus difficiles pour la culture en place.»

La situation est la même pour toutes les cultures de printemps: tournesol, soja… Pour autant, Clémence Aliaga assure «qu’il est encore trop tôt pour craindre un impact sur les rendements».
L’hiver arrosé aura néanmoins eu un avantage: celui de remplir les nappes et les réserves, augurant d’une campagne d’irrigation estivale sans encombre. En attendant, les agriculteurs ont tous le regard rivé sur le ciel. «Maintenant il faut que la pluie s’arrête! Avec un bon ensoleillement et de la chaleur, les sols pourraient sécher assez vite.»

Cécile Agusti

 

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