Publié le 01/10/2018 à 11h47 /

Comment réussir un sursemis pour regarnir des prairies fatiguées

// Les prairies peuvent être amenées à un vieillissement prématuré ou pour le moins à une baisse de productivité à la suite des attaques de ravageurs, à des conditions séchantes prolongées ou à une utilisation intensive. Il peut alors être opportun d’envisager de les regarnir. La réussite de cette opération passe, au préalable, par un diagnostic et, ensuite, l’observation de quelques règles.

Afin d’enlever éventuellement la mousse et de déchausser les espèces les plus superficielles ou/et traçantes (menthe, agrostis…), un étrillage préalable peut être utile pour gratter le sol et ouvrir un peu la végétation.

Le sursemis est le regarnissage d’une prairie, c’est-à-dire l’introduction de bonnes espèces fourragères sans destruction préalable, chimique ou mécanique, du couvert en place. Plus aléatoire dans sa réussite qu’une réfection totale avec élimination du couvert, le respect de quelques règles permet toutefois d’en maximiser les facteurs de réussite.

1 - Favoriser le contact sol/graine
Il importe, comme pour toute implantation, de favoriser le contact sol/graine, garant de la bonne germination de la semence.
Aussi, le sursemis est-il à effectuer sur une végétation résiduelle rase (hauteur résiduelle inférieure à 3 cm), avec un minimum d’espaces nus dans le couvert : l’équivalent d’une assiette de vide par mètre carré de sol est un bon repère.
Si ces vides n’existent pas, il faut les créer, et c’est là où les outils de semis direct sont utiles. La réussite du sursemis est cependant plus corrélée, non pas au choix de l’outil (semis à la volée ou en lignes), mais à comment il est effectué.
Un étrillage préalable peut être utile pour gratter le sol et ouvrir un peu la végétation, permettant d’enlever un peu de mousse éventuelle et de déchausser les espèces les plus superficielles ou/et traçantes (menthe, agrostis…). Le rappui immédiat, par passage de rouleau ou piétinement par du bétail, est indispensable.

2 - Choisir des espèces agressives à l’implantation
Les espèces introduites doivent pouvoir lever vite, pour faire face à la concurrence du couvert en place. Cette qualité essentielle à la réussite du sursemis limite le choix des espèces “introductibles” aux ray-grass, trèfles (blanc et violet), voire à la chicorée ; cette dernière espèce ne convient cependant qu’à des prairies destinées exclusivement à la pâture.
Dactyle et fétuque élevée n’ont pas cette rapidité de levée ; vouloir les introduire en regarnissage implique qu’elles soient associées à ces précédentes espèces.
Les doses de semis sont les mêmes que pour un semis classique ; elles sont même à augmenter un peu (20 à 30% de plus) en cas de semis à la volée.

3 - Favoriser les jeunes plantules nouvellement introduites
L’accès à la lumière des jeunes plantules est à favoriser : le maintien d’un couvert court, pendant les quelques mois suivant le sursemis, est à rechercher. Il ne faut donc pas hésiter à faire pâturer à intervalles rapprochés.
Ensuite, il faut éviter d’activer la pousse du couvert en place : toute fertilisation azotée, avec de l’azote rapidement assimilable, est ainsi à proscrire, pendant 6 à 8 mois (soit une, voire mieux deux repousses) après le sursemis.

Les conditions de la réussite

La bonne réussite du sursemis passe par l’observation de ces quelques règles. Un diagnostic préalable de la végétation est cependant indispensable, afin d’intervenir à bon escient.
Dans le cas d’une prairie majoritairement (à plus de 30%) composée d’agrostis stolonifère, le sursemis est voué à l’échec, cette espèce étant réputée empêcher la germination de nouvelles graines. La seule option alors passe par la destruction totale du couvert (voire avec une transition culturale) avant réimplantation d’une prairie.
Comme pour tout semis, le sol doit être suffisamment frais pour permettre la germination des graines introduites. La période actuelle, avec une pousse moins explosive qu’au printemps, est donc idéale pour envisager un éventuel regarnissage ; il importe toutefois d’attendre un retour de la pluie pour assurer la bonne réussite de toute intervention.
Et pour pallier des stocks globalement de piètre qualité, suite aux intempéries de ce printemps, les dérobées seront tout aussi importantes à mettre en œuvre ; un article ultérieur y reviendra.

Marie-Claude Mareaux
Chambre d’agriculture 64 - Tél. : 05.59.80.69.92, courriel : mc.mareaux@pa.chambagri.fr

 

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