Publié le 15/10/2018 à 09h00 /

Agri-Sentinelles : un réseau de volontaires pour repérer les agriculteurs en souffrance

// Repérer, alerter et agir : le réseau Agri-Sentinelles ambitionne de former et appuyer les personnes volontaires fréquemment en contact avec les agriculteurs afin qu’elles puissent s’impliquer dans la prévention au suicide.

Le taux de suicide des agriculteurs est supérieur de 20% par rapport à l’ensemble de la population française.

«Les années difficiles se succèdent, notamment en élevage, notre objectif est de mobiliser tous les acteurs afin de prévenir le suicide des agriculteurs», a affirmé Étienne Gangneron, éleveur et vice-président de la FNSEA le 3 octobre, lors du lancement du réseau Agri-Sentinelles lors de la première journée du Sommet de l’élevage (En savoir plus >>>).

Les exploitants agricoles et employeurs de main-d’œuvre font en effet partie des professions qui se suicident le plus. En 2010, une enquête menée par Santé publique France indique que 253 agriculteurs et 43 agricultrices se sont suicidés, soit un taux supérieur de 20% par rapport à l’ensemble de la population française. En 2008, le taux de suicides était même de 127% par rapport à la moyenne nationale pour les éleveurs bovins viandes et de 58% pour les éleveurs bovins lait.

Parmi les raisons évoquées pour expliquer cet excès de suicides, on trouve la tension liée à la transmission familiale, la faillite, l’enchevêtrement entre la vie privée et professionnelle, l’épuisement… Jean-Jacques Laplante, ancien médecin du travail qui étudie la question du suicide depuis 1990, précise cependant que bien que le métier d’agriculteur soit un facteur favorisant, il n’explique pas tout. Il avance comme autres causes possibles la dépression et des problèmes psychologiques plus profonds.

«Repérer, alerter, agir»

Véronique Maeght Lenormand, médecin du travail en charge de la plateforme Agri-Ecoute pour la MSA, souligne que les appels reçus par le centre d’écoute téléphonique mis en place en 2011 par la MSA concernaient à 65% des détresses causées par des problèmes personnels. C’est pour endiguer cette «épidémie de suicides», notamment en élevage, que de nombreux partenaires* se sont mobilisés pour créer le réseau Agri-Sentinelles. Étienne Gangneron qualifie cette démarche «d’humble». Elle a pour ambition de former et d’appuyer tous les acteurs qui entrent régulièrement en contact avec les agriculteurs (techniciens, vétérinaires, conseillers…) pour qu’ils s’impliquent dans la prévention au suicide.

L’objectif de ce réseau de sentinelles volontaires est de pouvoir mieux repérer les agriculteurs qui rencontrent des difficultés psychologiques pour ensuite alerter et orienter les agriculteurs pour faciliter l’accès à un dispositif déjà existant. Elsa Delanoue, co-coordinatrice du réseau, précise que ce réseau n’a pas pour ambition de remplacer les outils déjà existants, notamment Agri-Ecoute. La plateforme sera opérationnelle début 2019. «Il ne faut pas baisser les bras, chacun a la capacité d’alerter», conclut le vice-président de la FNSEA. «Être fort ce n’est pas rester dans son coin, c’est demander de l’aide», ajoute Jean-Jacques Laplante.

*Partenaires du réseau Agri Sentinelles :
Allice, Anicap, Anféia, APCA, CerFrance, CNE, CNiel, Coop de France, Coordination Rurale, France Conseil Élevage, FNB, FNC, FNEC, FNO, FNP, FNPL, FNSEA, GDS France, Idele, Interbev, Ministère de l’agriculture, MSA, Ordre national des vétérinaires, Races de France

 

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