Publié le 02/11/2010 à 10h53 /

Le ton monte entre éleveurs et les acheteurs de viande

// À trois semaines de l'ultimatum du 15 novembre lancé aux abatteurs et distributeurs pour obtenir des hausses de prix, les producteurs de viandes porcine, bovine et de volaille durcissent le ton et accentuent leur pression.

© Le Sillon/F. B.
Avec 6 kilos de saucisse sèche, vous payez un cochon, c'est inadmissible ! » Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, a donné, le 26 octobre, le ton qui règne chez les producteurs de viandes porcine, bovine et de volaille. Et le ton se durcit, c'est indéniable. « Si aucune augmentation de prix aux producteurs n'a été observée d'ici trois semaines, nous changerons de braquet ! ». Un ultimatum, fixé au 15 novembre, a été lancé par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) aux acheteurs de viandes (abatteurs et distributeurs) afin de passer des hausses de prix. Les deux organisations syndicales, qui enclenchent une logique d'action nationale, viennent renforcer les opérations de stickage menées depuis deux mois en grandes surfaces par les producteurs de viande bovine (FNB), de porcs (FNP) et de volailles (CFA). Car, force est de constater que « toutes ces actions n'ont pas amené pour l'instant de résultats concrets », a expliqué Dominique Barrau, ajoutant : « La loi de modernisation de l'agriculture a un chantier devant elle, certes, mais avant cela nous attendons un signe tangible de l'aval. » Les éleveurs sont dans le rouge Les producteurs de viandes « s'enfoncent dans la crise », relèvent sur le terrain les différentes fédérations syndicales, « et ce n'est pas le seul fait de la hausse du coût de l'aliment ». En viande bovine, en 15 ans, le prix producteur est resté stable quand le prix au consommateur a grimpé de 40 % et les coûts de production de 35 % ; il manque 60 centimes par kilo de carcasse. En volailles, tous les transformateurs et distributeurs « ne jouent pas le jeu » pour payer le juste prix. Enfin, en viande porcine, la FNP s'alarme car « plus d'un tiers des producteurs est proche du dépôt de bilan » ; il manque, là  encore, 20 centimes par kilo.  Les éleveurs sont donc farouchement déterminés à  accentuer leur pression sur les abatteurs et les distributeurs. Le 27 octobre, les aviculteurs rendaient visite à  l'enseigne Leclerc en Pays de Loire, selon une source professionnelle. En viande bovine, Jean-Pierre Fleury, vice-président de la FNB, ne màche pas ses mots : « Nous sommes dans un marché verrouillé artificiellement. Les productions française et européenne de viande bovine sont déficitaires, les disponibilités des pays tiers à  l'importation sont faibles, il y a une consommation (+ 14 % sur le steak haché frais sur les huit premiers mois de 2010, NDLR) et, malgré tout cela, le prix baisse encore. »  Et de dénoncer l'attitude du Syndicat des industriels de la viande (SNIV) qui argumente que « les éleveurs français à  la traîne. Leurs efforts en termes de compétitivité ont été sans précédent depuis 15-20 ans. Le SNIV pratique la politique de la chaise vide en interprofession depuis plusieurs semaines, il se défile systématiquement. La discussion est impossible. » La FNB épingle aussi Casino, « le roi du Brésil ! ». Elle devait décider de prochaines actions syndicales lors de son Conseil d'administration du 3 novembre, « qui seront lourdes de conséquences », a prévenu Jean-Pierre Fleury. Le vérouillage organisé des marchés La même semaine, les producteurs de porcs tentaient un ultime dialogue avec des opérateurs de la grande distribution. Comme la FNB, la FNP conclut à  « un marché complètement verrouillé quelles que soient l'offre et la demande ». « Les industriels et les distributeurs achètent un prix avant d'acheter un volume », fustige Paul Auffray, secrétaire général de la FNP. Si elle sent un « frémissement » de la part des distributeurs sur le VPF (viande porcine française) en rayons, la FNP essuie en revanche « un refus catégorique des industriels » sur l'origine française des produits. Elle les accuse de « jouer sur les niveaux d'importations pour peser sur les cours français ». Quant à  la répercussion de la hausse du coût de production dans le coût de la viande, c'est le même constat d'échec. En attendant le 15 novembre, les organisations d'éleveurs, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont aussi décidé d'écrire à  Philippe Chalmin, le président tout juste installé de l'Observatoire des prix et des marges, afin que ses services « poussent davantage leurs investigations ».

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