Publié le 11/12/2015 à 12h00 /

Les ventes de charcuteries et de viandes de porc en forte baisse

// Ces derniers mois, la consommation de viande de porc a été doublement chahutée dans les supermarchés français. Première victime, la viande fraîche: au troisième trimestre, la consommation de porc frais (hors élaborés) a perdu 9% de volumes entre 2014 et 2015. Sur le seul mois de septembre, les achats ont chuté de 13%, particulièrement pour les côtes et les rôtis (respectivement - 22% et - 15%).

Les consommateurs boudent les charcuteries et viande fraîche de porc dont les ventes ont fortement baissé dans les GMS.

Les causes de cette désaffection de la viande de porc peuvent être multiples. La consommation de viande de porc est, par exemple, très météosensible. Mais les opérateurs de la filière regardent plutôt du côté de l’encadrement des promotions mis en place par le ministre de l’agriculture, fin juin. «C’est un peu tôt pour avoir les fondamentaux du marché, réagit Estelle Antoine, économiste à l’IFIP, institut du porc. C’est une piste, nous suivons ça de près».

Cet encadrement consiste à interdire de pratiquer des prix inférieurs à 50% du prix moyen hors promotion du mois précédent (en dehors des mois de janvier et de septembre considérés comme périodes de dégagement). «L’objectif à terme était de remonter les cours, de passer de la viande porcine vue comme un minerai, à une viande perçue comme un produit de qualité», rappelle Estelle Antoine.

Il est encore trop tôt pour dresser un bilan de cette mesure, et savoir si les gains en prix compensent les pertes en volumes. On observe sur la même période un renchérissement de ces mêmes produits, qui ont retrouvé au troisième trimestre un niveau proche de celui de 2014 (autour de 7,50 €/kg), alors qu’au premier trimestre il était nettement inférieur (- 3%).

Charcuteries également boudées

Plus récemment, ce sont les ventes de charcuterie qui ont connu un revers. Selon les cabinets d’étude IRI et Nielsen, les ventes ont baissé dans les semaines qui ont suivi la publication fin octobre d’une étude internationale confirmant son rôle dans l’apparition du cancer. Le 26 octobre, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé la viande transformée, essentiellement la charcuterie, dans la catégorie des agents «cancérogènes pour l’homme».

Dans le détail, les ventes de charcuterie en grandes surfaces (qui représentent 90% des ventes nationales) étaient en baisse de 5,3% sur un an durant les trois semaines qui ont suivi la publication du rapport de l’OMS, alors qu’elles étaient en hausse de 1,7% les trois semaines précédant ce rapport, précise le cabinet IRI.

Le foie gras et les rillettes ont payé le plus lourd tribut à cette alerte de l’OMS, d’après les chiffres de Nielsen: la semaine du 1er novembre, les ventes de foie gras frais se sont effondrées de 27,3%, tandis que celles des rillettes affichaient un recul de 11,7%. La chute des ventes a cependant ralenti la semaine du 15 novembre, avec une baisse ramenée à 8,1% pour le foie gras frais et à 6,1% pour les rillettes.

Interrogée par l’AFP, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) a estimé qu’il était «prématuré» de tirer un bilan de cette communication de l’OMS. «Les professionnels n’ont pas constaté une baisse du carnet de commandes», assure-t-elle.

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