Publié le 21/12/2016 à 09h55 /

Face à l’essor de l’agriculture biologique, les chambres d’agriculture s’organisent

// Avec la croissance à deux chiffres de la filière biologique en 2015 et la difficulté à valoriser certaines productions en conventionnel, comme le lait, les demandes d’information et d’accompagnement à la transition affluent au niveau des chambres d’agriculture. Le réseau s’organise donc pour développer l’appui aux producteurs tentés par l’agriculture biologique.

L’agriculture bio est confrontée aux mêmes problèmes de répartition des marges que l’agriculture conventionnelle.

Pour répondre aux attentes de la société et des producteurs, le réseau des chambres d’agriculture s’est réuni le 6 décembre pour partager les expériences en agriculture biologique, dont le développement s’est fortement accentué ces dernières années. La tendance se reflète d’ailleurs au niveau des élus de l’APCA, qui comptent désormais huit agriculteurs bio.

Face aux demandes croissantes des producteurs pour être conseillés et accompagnés dans leur conversion, les chambres développent les référentiels techniques et veulent former davantage de conseillers: les techniciens spécialisés en bio représentent aujourd’hui 150 ETP, un nombre insuffisant pour répondre aux besoins. L’APCA souhaite donc que ses conseillers en agriculture conventionnelle soient aussi formés à l’agriculture biologique, qui exige une plus grande technicité.

Difficultés techniques et rémunération

Car produire et vivre de son métier n’est «pas si simple» non plus en agriculture biologique, avertit Étienne Gangneron, président de la chambre d’agriculture du Cher et président du groupe bio à l’APCA. Ainsi, la viande bovine bio connaît, depuis trois ans, les mêmes problèmes de valorisation que la filière conventionnelle.

Lui-même éleveur de bovins viande en bio, Étienne Gangneron témoigne «d’une perte d’un euro le kilo à la production, c’est plus que la marge». Comme en conventionnel, «le sujet de la répartition de la marge est un sujet pour toute la filière», note-t-il, mettant en question la réalité de «l’éthique» prônée par bon nombre de distributeurs.

Une conversion plus facile pour les éleveurs

Il reste cependant «moins difficile de passer en élevages bio qu’en cultures bio», précise Claude Cochonneau, président de l’APCA. Christine Valentin, présidente de la chambre d’agriculture de Lozère et éleveuse en conversion, en témoigne: si le passage de son élevage laitier en bio est issu d’une réflexion de presque un an, les changements sont principalement liés au temps de travail (davantage de pâturage pour les vaches), pour un résultat multiplié par 1,7.

Cependant, le problème est différent pour les cultures de son département. «Les zones sont calcaires, caillouteuses, avant on faisait des cultures sur 7 à 8 ans en utilisant plus de potasse les dernières années. En bio, on ne pourra plus le faire, et si on laboure davantage, on risque de dégrader les sols». En revanche, «quand on réussit le passage en culture bio, la valorisation est meilleure qu’en élevage» souligne Claude Cochonneau. La diversification des assolements est l’une des clés.

Une différenciation de plus en plus ténue

De nombreuses expérimentations sont menées par l’APCA pour faciliter cette transition, par exemple sur la faisabilité des techniques culturales simplifiées en système bio, beaucoup plus compliquées à mettre en œuvre qu’en système conventionnel, avec une gestion en effet difficile des adventices.

Néanmoins, avec l’amélioration des pratiques conventionnelles, les deux systèmes sont de plus en plus proches: «la différenciation est moins tranchée avec le développement des signes de qualité, il faut travailler ça sans s’opposer, ce qui demande du doigté», note Claude Cochonneau. D’où l’intérêt, aussi, de développer l’agriculture biologique en lien avec les autres modèles, défend l’APCA.

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