Publié le 21/12/2017 à 15h31 /

La raréfaction des éleveurs, facteur de désertification rurale

// En élevage, comme dans toutes les filières agricoles, la transmission et le renouvellement des générations sont des problématiques importantes. Depuis plusieurs années, on assiste, en effet, au vieillissement des chefs d’exploitation en élevage. Un phénomène qui n’est pas sans conséquence pour les territoires ruraux.

La disparition des éleveurs inquiète les acteurs du monde rural

«Il est important d’échanger sur l’installation afin de trouver une solution à un problème qui inquiète le monde agricole et que l’on n’arrive encore pas à résoudre : celui du renouvellement des générations», a rappelé Philippe Lescoat, vice-président de l’AFZ (Association française de zootechnie), en introduction d’une journée organisée sur le thème de l’installation et la transmission.

Actuellement, le renouvellement des générations est insuffisant pour pallier le vieillissement des chefs d’exploitation. D’après les chiffres avancés par Christophe Perrot, chargé de mission à l’Institut de l’Élevage, le pourcentage de chefs d’exploitation de moins de 40 ans possédant un cheptel, est en baisse tandis qu’ils sont de plus en plus nombreux à avoir plus de 50 ans.

Désaffection du métier

Dans les années 2000, grâce à la préretraite installation, mise en place dans les années 1990, le vieillissement des chefs d’exploitation était, en partie, endigué. Environ 40% des chefs d’exploitation en élevage avaient ainsi moins de 40 ans à cette période, contre moins de 30% à l’heure actuelle et 35% avant 1990. Mais la fin de cette mesure a marqué un retour en arrière.

Le flux de jeunes agriculteurs se réduit donc d’année en année. Entre 2000 et 2010, il y avait environ 4.200 installations par an. Entre 2010 et 2013, le nombre d’installations est passé à 3.100 par an, soit une réduction de 26%. Les agriculteurs sont aussi moins nombreux qu’avant à plébisciter l’élevage. Ainsi, le pourcentage de moyennes/grandes exploitations à s’installer avec un atelier d’élevage herbivore est passé de 63% entre 2000 et 2010 à 51% entre 2010.

Pour Jean-Marie Gilardeau, maître de conférences en droit rural retraité et éleveur, cette crise de vocation trouve ses racines dans la modernisation de l’agriculture qui a fait de l’agrandissement des exploitations la règle et de l’installation l’exception. Le maître de conférences estime que le phénomène est induit par une dépréciation générale du métier d’éleveur et le sentiment d’isolement qu’ils peuvent ressentir.

De nombreux obstacles à l’installation

Il avance également que, même si un jeune souhaite s’installer en élevage, il fait alors face à des difficultés foncières et à des problèmes de financement. D’autres freins à l’installation comme les problèmes juridiques inhérents au droit rural, ont également été évoqués par Jean-Marie Gilardeau.

Cette baisse du nombre d’éleveurs n’est pas sans conséquences pour les territoires ruraux. Elle entraîne une diminution de la population dans les territoires et ainsi la disparition du tissu social dans certaines régions françaises. Cette désertification est généralement accompagnée d’un vieillissement de la population et donc d’une perte d’attractivité pour les territoires.

La disparition des troupeaux pâturant a aussi pour conséquence un abandon des sols et donc le développement des friches. L’éleveur a, cependant, terminé son intervention sur une note positive ; pour lui l’union fait la force, il faut donc que tous les acteurs s’unissent pour attirer de nouveaux éleveurs. Il a ainsi conclu en paraphrasant Jean de La Fontaine «selon que la volonté sera puissante ou misérable l’avenir sera noir ou blanc».

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