Publié le 12/03/2018 à 10h46 /

Négociations commerciales : la grande distribution pipe les dés

// Le jeudi 1er mars a sonné la fin légale des négociations commerciales entre industriels et distributeurs sur les marques nationales. Et certains acteurs de la distribution n’ont pas été au rendez-vous. Le gouvernement, au travers du ministre de l’économie, a déjà dénoncé des distributeurs qui n’ont pas joué le jeu.

Le 2 février dernier, Stéphane Travert et Bruno Le Maire réunissaient les transformateurs et les distributeurs, dans le cadre du suivi des négociations commerciales. Des négociations qui auront été encore compliquées…

Signée en fanfare le 14 novembre dernier, la charte d’engagement pour la création de valeur et pour son équitable répartition au sein des filières agroalimentaires françaises n’a effectivement pas respecté par certains distributeurs. Mais, comme l’a bien précisé Delphine Gény-Stephann, secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie, le 22 février, il s’agit de ne pas mettre tout le monde dans le même panier…

Pour autant, deux noms sortent du lot cette année : l’éternel E. Leclerc et le groupe Carrefour, dont Alexandre Bompard a pris la tête cet été. Ainsi, des perquisitions ont été menées les 27 et 28 février par des agents de la direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) au siège des centres E. Leclerc à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

«On s’étonnera d’une telle procédure, alors même que les négociations sont en cours et pour l’heure, non abouties», s’était étonné le groupe Leclerc dans un communiqué de presse, rappelant que «les années précédentes, Bercy attendait la signature des contrats avant d’exercer ses contrôles». Pour le distributeur, ces perquisitions sont dues au fait que «la période est aux annonces politiques».

Des perquisitions de la DGCCRF chez Leclerc

Le discours de Leclerc a été contrecarré, le 1er mars, par Bruno Le Maire, ministre de l’économie, sur TV5 et Public Sénat. «Nous les justifions (N.D.L.R. : ces perquisitions) par des éléments que nous avons recueillis et qui montrent qu’il pourrait […] y avoir, de la part de ce grand distributeur, le non-respect des règles commerciales qui s’appliquent à tous sans exception», a-t-il déclaré. «Tous ces procès-verbaux seront transmis à la justice et c’est la justice qui tranchera, et on verra qui, de la grande distribution ou de l’État, a raison en la matière», a-t-il poursuivi. Et de réaffirmer que des «distributeurs ne jouent pas le jeu».

Si André Bonnard, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), concédait, le 27 février, que les distributeurs avaient passé des hausses de tarifs, ces dernières «ne sont toujours pas suffisantes». Il estime qu’en moyenne, les hausses actées par les distributeurs sont de l’ordre de 3 à 4%, sachant que «les produits laitiers frais sont toujours pénalisés par la concurrence entre opérateurs et par un marché peu porteur.»

Carrefour joue le trouble-fête

«Tous les ans, il y a un mauvais joueur, continue-t-il. Cette année, il y a l’effet Carrefour qui complique les négociations». D’après lui, «Carrefour réduit les référencements» pour faire de la place au non alimentaire, plus rémunérateur, surtout avec l’arrivée à sa tête de l’ancien dirigeant de la Fnac. «Le consommateur perd du choix et l’industriel ne peut placer ses innovations», déplore-t-il, estimant que le distributeur «ne passe pas autant de hausses de prix» qu’il pourrait le faire.

Le 28 février dernier, le groupe Carrefour annonçait une perte nette de plus de 500 millions d’euros en 2017 et Alexandre Bompard déclarait vouloir «mettre en œuvre sans délai son plan de transformation». Il souhaite ainsi faire 2 milliards d’euros d’économie pour les réinvestir dans l’extension de l’offre de commerce alimentaire en ligne, la mise en service de 170 nouveaux drives, le lancement d’une plateforme unique Carrefour.fr, etc. Il mise également sur une refonte de son offre de produits frais, notamment bio et principalement au travers de ses marques propres.

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