Quelle image a le grand public de la forêt, de sa gestion et de la collecte de bois ? L’interprofession Fibois Nouvelle-Aquitaine a souhaité le savoir. En juin dernier, elle a missionné l’institut Cohda pour réaliser une enquête d’opinion auprès d’un millier de répondants de la région, «afin de mieux appréhender la perception de la collecte des bois en forêt et adapter la communication de l’interprofession à destination du grand public en conséquence», indique-t-elle dans un communiqué.
À l’heure des résultats, Fibois relève un large éventail de réponses, avec notamment des idées reçues bien ancrées, souvent éloignées de la réalité. Mais une tendance forte se dessine : les questionnés révèlent un attachement fort à la forêt.

Si leur perception des plus-values est souvent trop partielle, quand on approfondit leurs réponses et qu’on leur demande ce que leur évoque la forêt, pour 93% des répondants la réponse est unanime : elle joue avant tout un rôle environnemental avec «l’amélioration de la qualité de l’air ou de l’eau» en faveur de la biodiversité. «Mais beaucoup ignorent qu’une forêt non gérée, c’est une forêt vieillissante, vulnérable qui ne remplit plus sa fonction protectrice et qui stocke moins de CO2», réagit l’interprofession.

Plus de surface forestière

Plusieurs paradoxes sont pointés du doigt par Fibois. En effet, seulement 4% des sondés pensent spontanément à la mission de production que remplit la forêt, alors qu’ils sont 76% à utiliser le bois comme matériau au quotidien. Autre point marquant relevé à la question «la forêt est-elle un bien commun ?» : pour 87% des répondants, la réponse est «oui». En réalité, en Nouvelle-Aquitaine, la forêt appartient à 91% à des propriétaires forestiers privés.

Autre idée erronée : selon 56% des répondants, la surface de la forêt aurait baissé d’environ 10% en France ces 30 dernières années. En réalité, elle est passée de 14 à 17 millions d’ha, «soit une augmentation de 20% sur cette même période».

L’attachement fort à la ressource naturelle, à sa localisation et à sa gestion est un élément prégnant relevé par ce sondage. Dans les détails, 95% des répondants se disent attachés (40%) ou très attachés (55%) à leur forêt et au matériau bois local. Ainsi, 84% déclarent être sensibles au bois français, local ou régional. «49% se disent même prêts à le payer plus cher le cas échéant», analyse Fibois. Quant à la gestion des forêts, 87% des répondants déclarent être sensibles à cette question, et 44% sont contre son exploitation, considérant que la forêt n’a pas besoin de l’Homme.

Par ailleurs, d’après les résultats de l’étude, si la plantation et le bois énergie sont des notions bien perçues par les répondants, qui comprennent également le principe de mécanisation, la coupe rase — «pourtant réglementée», précise l’interprofession — elle, est moins acceptée par le grand public, avec 60% avis défavorables. Enfin, parmi les autres enseignements à tirer, seuls 29% considèrent être «bien» informés des activités et pratiques liées à la sylviculture.

«Ce que corroborent les résultats du quiz intégré à l’enquête qui tente de percer la connaissance objective des répondants sur la filière», observe Fibois dans son rapport. En effet, seuls 22% ont répondu correctement à plus de la moitié des questions proposées.
Pour Fibois, un effort conséquent de pédagogie va devoir être porté sur les messages à transmettre, notamment concernant le rôle des forêts, la réglementation des coupes, les pratiques de travaux forestiers, le lien entre la forêt (arbre) et le matériau bois pour couper court avec certaines idées reçues…

B. Ducasse