Publié le 23/11/2020 à 09h48 /

La Chine a quasiment reconstitué son cheptel porcin

// Le nombre de porcs vivants en Chine sera bientôt au même niveau qu’avant la pandémie de peste porcine et les prix commencent à baisser.

À la fin septembre, selon les chiffres du ministère chinois de l’Agriculture, le cheptel porcin du pays a atteint 370 millions de têtes, soit 84% du niveau de celui d’avant la pandémie, en 2017.

La pandémie de peste porcine africaine, qui frappe de plein fouet l’Europe et qui désorganise le marché déjà bousculé par la fermeture des restaurants, est en passe de devenir un mauvais souvenir dans l’Empire du Milieu. Cette pandémie a décimé un tiers du cheptel chinois, entraînant une envolée des prix à la consommation. La Chine a dû importer de la viande de porc issue de tous les pays producteurs, y compris la France, avec pour conséquence une envolée des cours dans le monde entier.

Mais cette période semble révolue, comme le montrent des statistiques de la population porcine que vient de révéler le ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales. À la fin septembre, le cheptel porcin chinois a atteint 370 millions de têtes, soit 84% du niveau de celui d’avant la pandémie, en 2017. L’augmentation est bien plus forte que prévu et le ministère de l’Agriculture chinois se félicite de «neuf mois de croissance consécutive.»

Reconstitution gigantesque du cheptel

La population de truies reproductrices est même encore supérieure, avec un cheptel reconstitué à 86% à un peu plus de 38 millions de têtes. Les moyens mis en place sont à la taille de l’économie chinoise, gigantesques. 12.500 élevages de porcs “à grande échelle” ont été construits de toutes pièces, et 13.500 élevages rendus vacants par la pandémie ont été remis en route.

Dans la foulée, les abattages sont en hausse depuis 7 mois consécutifs. Le ministère ne donne pas de chiffres comparatifs avec 2017, mais il est probable qu’il y ait un décalage de quelques mois par rapport à l’évolution du cheptel. Les chiffres des importations sur les trois trimestres 2020 restent d’ailleurs impressionnants : 3,2 milliards de tonnes ont été achetés sur le marché mondial par la Chine, soit un volume supérieur de 132% par rapport à la période correspondante de 2019.

Tous les pays en ont profité, puisque la Chine a importé 100 millions de tonnes (Mt) de viande porcine de France au cours des sept premiers mois de 2020, alors que les exportations annuelles se montaient à 82 Mt en 2019 et 50 Mt lors des années précédentes.

Les principaux fournisseurs de la Chine à profiter de l’envolée restent tout de même les États-Unis (250 Mt en 2019), le Brésil (220 Mt), suivis du Canada, du Danemark et des Pays-Bas (plus de 150 Mt chacun).

À noter, qu’en dépit de la guerre commerciale lancée par Donald Trump en 2018, la Chine a poursuivi ses importations de viande de porc des États-Unis en 2019, alors qu’elle a réduit considérablement ses achats de soja. Puis les accords signés entre Xi Jinping et Donald Trump en janvier dernier ont accéléré les flux. En 2020, les producteurs de porcs américains s’attendent à un niveau d’exportations record. Depuis janvier, elles ont plus que doublé en valeur, pour atteindre 1,7 milliard de dollars.

Répercussion sur les cours

La reconstitution du cheptel chinois et l’augmentation du volume d’abattage commencent à avoir des effets sur les prix. Le ministère chinois de l’Agriculture indique que les prix de la viande de porc ont baissé en septembre et octobre pendant 7 semaines consécutives, et sont désormais inférieurs de 20% à ceux de février, leur plus haut niveau de l’année.

Il y a toutefois de fortes différences selon les régions, avec des tensions entre les abattoirs et les producteurs sur les prix de marché. À plus ou moins long terme, la remise sur pied du cheptel porcin aura aussi des répercussions sur les cours de tous les marchés mondiaux, même s’il ne s’agit que d’un facteur parmi d’autres, avec ceux de la désorganisation du marché européen suite à la découverte de la peste porcine en Allemagne, la crise du Brexit et bien sûr la crise du Covid.

 

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