Publié le 01/06/2021 à 09h34 /

Le Varenne de l’eau transcendera-t-il les clivages pour faire émerger un consensus sur l’irrigation ?

// Installés par Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture, le 28 mai, les travaux du Varenne de l’eau devraient s’achever début 2022 et sont la continuité de la réflexion menée lors des Assises de l’eau en 2018, mais, cette fois, centrée sur l’agriculture.

Les travaux du Varenne de l’eau et du changement climatique ont démarré le 28 mai. - Photo Cheick Saidou/agriculture.gouv.fr

L’objectif du Varenne de l’eau est de mettre en place des solutions pour adapter l’agriculture au changement climatique et aux conséquences majeures que ce dernier pourrait entraîner d’ici 2050. Les sécheresses successives, les inondations et les épisodes de gel risquent, en effet, de remettre en cause la production agricole et notre souveraineté alimentaire si aucune action n’est menée.

Le débat doit rassembler tous ceux qui utilisent ou font fonctionner ce «bien commun» : fournisseurs d’eau potable, irrigation et usages agricoles, hydro-électricité, pêcheurs et plaisanciers sans oublier le rôle vital de l’eau pour les milieux naturels. Ce thème concerne bien évidemment les agences de l’eau, les syndicats agricoles, les associations environnementales, les représentants des assurances et les associations de pêcheurs.

Sujet sensible

Cependant le sujet est sensible et il s’est même crispé depuis quelques années notamment en raison des blocages autour des projets de retenues d’eau. Les Projets territoriaux de gestion de l’eau (PTGE) traînent à se mettre en place en raison de nombreux contentieux. L’objectif aujourd’hui est d’en approuver 50 d’ici 2022 et une centaine à l’horizon 2027.

Aussi les participants devront s’engager à suivre quelques principes de base : s’appuyer sur la science et notamment les travaux de l’INRAE mais aussi faire appel à l’innovation pour optimiser les usages de l’eau. Il faudra pour cela transcender les clivages, faire preuve d’écoute et trouver des consensus pour construire une vision concertée et partagée.

Trois groupes de travail ont été constitués autour des thématiques suivantes :
- Se doter des outils d’anticipation et de protection de l’agriculture. Il s’agira entre autres de préciser les arbitrages sur les assurances récoltes.
- Renforcer la résilience de l’agriculture en agissant sur les sols, les variétés, les pratiques culturales et d’élevage, les infrastructures agro-écologiques et l’efficience de l’eau d’irrigation. Ce travail se fera à l’échelle des filières et des régions.
- Accéder à une vision partagée et raisonnée de l’accès aux ressources en eau pour l’agriculture sur le long terme, au travers notamment des PTGE. Quant au décret de gestion quantitative de la ressource en eau, il devrait être publié avant la fin du mois de juin.

Moyens techniques et économiques

Le climatologue Jean Jouzel a rappelé, lors de la conférence de presse de lancement, le 28 mai, que les six dernières années ont été les plus chaudes du siècle passé et que cette hausse des températures va se poursuivre. D’ici la fin du siècle, la baisse de débit des rivières pourrait être de 10 à 40% du niveau actuel.

Thierry Caquet, directeur scientifique à l’INRAE estime que l’agriculture en 2050 ne sera pas la même que celle d’aujourd’hui. «Si nous voulons que nos agriculteurs continuent à nous nourrir, il faut que nous leur donnions les moyens techniques et économiques pour accroître leur résilience» a déclaré le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.

«Ces enjeux de long terme et les situations d’urgence face à ces aléas, gel ou sécheresse, doivent nous amener à dessiner un modèle plus sobre et équilibré entre ressources disponibles, besoins et usages», a indiqué pour sa part la ministre de la Transition écologique, Bérangère Abba. «La place de mon ministère en charge de la politique de l’eau, est bien aux côtés des agriculteurs dans ce destin commun» a-t-elle conclu.

L’enjeu de l’irrigation

L’un des dossiers les plus sensibles sera l’irrigation systématiquement pointée du doigt par les écologistes. De leur côté, les défenseurs de l’irrigation font valoir qu’un peu moins de 5% de la surface agricole utile française est irriguée, soit moins que la moyenne européenne (5,9% en 2016 selon Eurostat). Ce niveau est à comparer à 20,2% en Italie, 13,2% en Espagne, 23,6% en Grèce, 11% aux Pays-Bas, mais seulement 2,7% en Allemagne et 0,9% en Pologne.

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