Publié le 14/09/2021 à 09h55 /

L’Anses favorable à un assouplissement sur les farines animales

// Un an après avoir été saisie par les ministères de l’Économie et de l’Agriculture, l’Anses vient d’émettre un avis favorable à l’utilisation des protéines animales transformées, nouveau nom des «farines animales». Toutefois, l’Agence conditionne son avis à plusieurs garde-fous.

Suite au feu vert des États membres et du Parlement européen, la Commission européenne devrait prochainement permettre l’utilisation de protéines animales transformées provenant de non-ruminants pour l’alimentation des volailles et des porcs.

Dans l’avis qu’elle a rendu public début juillet, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ne s’oppose pas à un assouplissement de la réglementaire concernant l’interdiction des protéines animales transformées (PAT) en alimentation animale, mais, elle a émis cet avis sous conditions. Ainsi, elle souhaite ainsi que les farines issues d’animaux sains et tracés ne fassent pas l’objet d’autoconsommation.

Clairement, l’Anses envisage, par exemple, que les farines de porc ne soient destinées qu’aux poulets et que celles de poulets n’aillent qu’aux porcs. Pour limiter les risques d’échanges, ces farines animales ne pourront pas être utilisées dans les fermes qui élèvent à la fois des porcs et des poulets, ainsi que celles qui comptent des bovins, précise l’Anses.

Séparation des filières et traçabilité

Afin de limiter au maximum des risques de contaminations croisées, l’Anses recommande une séparation effective et stricte des circuits et des sites de production : chaque espèce (porcs, volailles…) devrait, en quelque sorte, avoir sa filière (abattoir, collecte des sous-produits, fabrication des PAT, usines de production d’aliments du bétail, transports) auxquels seraient associés systématiquement des moyens de contrôles et de traçabilité. Se pose, alors, la question de savoir si les fabricants d’aliments du bétail sont prêts à investir dans ce type de filières.

L’Anses est aussi favorable à la production de protéines issues de sept insectes, là encore sous conditions. Car les insectes peuvent véhiculer des risques biologiques, tels que la salmonelle, brucellose, E. Coli, circovirus, agent du rouget, etc., et des risques chimiques : mycotoxines telles que la déoxynivalénol (DON), la zéaralénone (ZEA), éléments traces métalliques (ETM) comme le plomb, le cadmium, l’arsenic, etc.

C’est pourquoi l’Anses qui n’identifie globalement pas de dangers supplémentaires par rapport à ceux présentés dans son avis de 2015, recommande l’application systématique d’une période de jeûne d’au moins 24 heures avant la récolte des insectes et leur transformation. Cela permettra notamment «une bonne séparation du frass (déjections pouvant être sources de contaminants) et des insectes», indique l’avis. Elle recommande aussi l’application d’un traitement thermique visant à mieux maîtriser les dangers biologiques.

Dans la lignée européenne

Ces prérequis pris en compte, l’Agence ne s’oppose pas à un assouplissement de la réglementation. C’est une manière de donner des gages à l’Union européenne qui veut aboutir à la réintroduction de ces PAT qu’elle estime compatibles avec le Green Deal et le Farm to Fork. L’objectif que s’est fixé la Commission est d’adopter son règlement sur les PAT avant la fin de l’année 2021.

Reste à savoir si les agriculteurs biologiques pourraient, si elles étaient réintroduites, utiliser ces PAT. Le syndicat agricole allemand, le Deutscher Bauernverband e.V. – première centrale syndicale proche de la FNSEA —, voit dans cette réintroduction «une franche opportunité pour les éleveurs engagés en agriculture biologique». Dans la mesure où ces protéines permettent aussi de contribuer à l’économie circulaire.

Télécharger le rapport (daté de juin) >>>>

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