Publié le 27/09/2021 à 15h47 /

Bien-être animal : qui va régler la note ?

// Alors que la castration des porcelets et le broyage des poussins seront prohibés en 2022, le ministre de l’Agriculture enjoint industriels, distribution et consommateurs à supporter les surcoûts induits pour les producteurs qui répondent à ces attentes sociétales.

Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie s’est rendu au Space, salon international des productions animales, pour inaugurer la 35e édition. © agriculture.gouv.fr

«Ca n’est pas au compte de résultat de l’éleveur de payer cette transition [vers un meilleur bien-être animal], c’est à l’ensemble de la société, qui le souhaite, de le faire», a estimé Julien Denormandie, le 14 septembre au Space. Au terme d’une longue visite, le ministre de l’Agriculture a détaillé dans son discours sa «vision» du bien-être animal.

Sur la question des surcoûts liés à cette transition, il a pris l’exemple de deux évolutions qui surviendront début 2022 : la fin de l’élimination des poussins mâles et l’arrêt de la castration à vif des porcelets. «Les techniques de castration hors castration à vif sont de facto plus coûteuses», a rappelé le ministre, appelant à ce que le surcoût à venir soit «porté par l’industriel, puis par la grande distribution, et enfin le consommateur.»

L’inscrire dans Egalim 2

Idem pour la fin du broyage des poussins mâles en poules pondeuses : M. Denormandie a insisté pour que le surcoût de fonctionnement (hors investissements dans les couvoirs), de l’ordre d’un centime par œuf, soit «supporté in fine par le consommateur, qui est le premier à dire qu’il faut arrêter le broyage.»

Le ministre a déroulé une vision du bien-être animal proche de celle promue par les professionnels. «Traiter du bien-être animal, c’est d’abord traiter du bien-être des éleveurs», a ainsi lancé Julien Denormandie. Et d’ajouter : «Toute transition a un coût. Sans revenu, l’investissement n’est pas possible, la transition n’est pas possible.»

Sans surprise, cette orientation a ravi la FNSEA. «S’il y a une injonction forte [pour plus de bien-être animal], tout le monde doit la porter», a réagi sa présidente Christian Lambert le même jour. Et de souligner que la «montée en gamme» promue par les États généraux de l’alimentation s’est traduite par «zéro centime en retour» pour les agriculteurs.

Julien Denormandie compte sur la proposition de loi Egalim 2, actuellement au Sénat, pour répercuter les surcoûts — actuels et à venir — jusqu’au consommateur. «Je ne lâcherai rien», a-t-il répété aux éleveurs lors de sa visite. «S’il y a les contrats et la référence aux coûts de production, oui ça peut fonctionner, estime Christiane Lambert. Évidemment que le véhicule, c’est [la proposition de loi] Egalim 2. Maintenant, il faut que les distributeurs jouent le jeu».

Les négociations commerciales annuelles n’ont pas officiellement démarré, mais déjà les relations entre les enseignes et leurs fournisseurs industriels sont à couteaux tirés.

 

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