Publié le 08/11/2021 à 06h35 /

Les sénateurs appellent à «conserver la pépite de l’enseignement agricole»

// La mission d’information sénatoriale appelle l’État à engager une véritable «transition agro-politique» pour redonner une stratégie et des objectifs clairs et note que cette voie d’excellence pourrait faire encore mieux si on lui en donnait les moyens financiers.

L’insertion professionnelle de l’enseignement agricole, mesurée par les taux d’emploi à 7 et 33 mois, est équivalente ou un peu meilleure selon les niveaux de diplômes que ceux de l’Éducation nationale, note le Sénat.

Pour les 23 sénateurs qui ont adopté ce rapport à l’unanimité, il faut conserver «cette pépite qu’est l’enseignement agricole», selon les mots de Nathalie Delattre (RDSE, Gironde). Elle en veut pour preuve les excellents résultats obtenus en 2020, meilleurs que ceux de l’Éducation nationale (EN) : 92,9% de réussite au bac professionnel (contre 90,7% pour l’EN) ; 98,4% pour le bac technologique (95,7% EN), 98,9% pour le bac S (98,4% EN).

La performance mérite d’autant plus d’être soulignée que les représentants de la Haute assemblée conviennent eux-mêmes que les profils qui intègrent les filières agricoles sont «plutôt en échec scolaire» au regard des critères de l’Éducation nationale. «Malgré cette réputation que ce sont des élèves qui partent de loin, l’enseignement agricole tant public que privé, parvient à leur faire décrocher un bon diplôme, indique Nathalie Delattre. Car les jeunes qui oscillent entre théorie et pratique, trouvent du sens dans cette filière agricole».

Quant à l’insertion professionnelle, mesurée par les taux d’emploi à 7 et 33 mois, elle est équivalente ou un peu meilleure selon les niveaux de diplômes que ceux de l’Éducation nationale, s’enorgueillit la mission qui n’oublie pas de mentionner que cette performance a été soulignée dans un récent rapport de la Cour des Comptes.

Difficultés financières

Mais ce serait une «voie d’excellence qui pourrait encore faire mieux si on lui en donnait les moyens financiers», note la mission sénatoriale. Car c’est bien ici que le bât blesse. Les sénateurs s’en prennent, à mots à peine couverts, à Bercy qui ne semble pas avoir conscience de l’importance et des réussites de l’enseignement agricole. D’ailleurs «la mission tient […] à souligner que tout discours selon lequel l’enseignement agricole coûterait plus cher à l’État que l’Éducation nationale ne repose actuellement sur aucune donnée objective», souligne le rapport.

D’autant que la situation financière des établissements s’est aggravée par la crise du Covid-19, et «elle apparaît aujourd’hui préoccupante», ajoute la sénatrice de la Gironde. Ce ne sont pas moins de 55 établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles, répartis dans différentes régions qui connaissent des difficultés financières. Elle s’alarme aussi des positions prises par Bercy, qui semble voir dans la réforme du baccalauréat un moyen d’économiser des postes (N.D.L.R. : notamment d’enseignants), au détriment de la qualité de l’enseignement agricole.

Pour les membres de la mission, il n’est pas question non plus que l’enseignement agricole passe aux mains du ministère de l’Éducation nationale. «Il doit rester sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, sans quoi, il pourrait disparaître», martèle Nathalie Delattre.

Renouveler les générations

Autre sujet d’inquiétude pour les sénateurs : le fait que seuls 35% des jeunes apprenants dans les filières agricoles soient formés pour l’agriculture stricto sensu, alors que 42% le sont pour les services à la personne et 19% pour l’aménagement et les paysages. «Il sera difficile dans ces conditions de renouveler les générations et les 200.000 agriculteurs qui partiront à la retraite d’ici 2026», s’est émue la sénatrice. Dans tous les cas, à travers 45 propositions (lire également en rebond ci-dessous), la mission appelle à renforcer l’attractivité de l’enseignement agricole.

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