Publié le 10/11/2021 à 11h27 /

La disparité de revenus bat des records en agriculture

// Dans un large panorama de l’agriculture français, l’Insee pointe le niveau de vie des ménages agricoles qui «est plus faible dans les territoires d’élevage que dans ceux de la production végétale». Les disparités restent toutefois importantes d’un territoire et d’une production à l’autre.

Les niveaux de vie sont particulièrement disparates en agriculture.

Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques qui publie les résultats d’une enquête menée en 2018 auprès de 338.480 ménages agricoles, 50 % d’entre eux avaient, à cette date, un niveau de vie annuel médian inférieur à 22.200 euros par an, «ce qui est comparable à celui de l’ensemble des ménages» français qui perçoivent des revenus d’activité, note l’étude.

Mais en s’approchant, des nuances apparaissent : les inégalités sont plus importantes entre ménages agricoles qu’ailleurs, relève l’Insee. Concrètement, le niveau de vie (revenu rapporté au nombre de personnes dans le ménage) des 10 % les plus modestes est 4,7 fois inférieur à celui des 10 % les plus aisés, contre 3,3 pour l’ensemble des professions.

Un quart des éleveurs de bovins viande sous le seuil de pauvreté

L’Insee ajoute que 18 % des agriculteurs vivaient, en 2018, sous le seuil de pauvreté qui est fixé à 13.000 euros par an pour une personne seule, contre 13 % pour l’ensemble des ménages d’actifs. En comparaison des autres catégories socioprofessionnelles, la pauvreté paraît «plus intense» car «le niveau de vie est de 9.400 euros soit 1.300 euros de moins qu’au sein des ménages pauvres ayant des revenus d’activité», précise l’Insee.

C’est en particulier le cas pour les éleveurs de bovins viande dont le niveau de vie médian avoisine 18.500 euros (18.420 exactement), avec de fortes disparités puisque 10% dégagent un revenu moyen égal à 8.570 euros quand le revenu moyen des 10% les plus aisés grimpe à 32.800 euros. Surtout, ces ménages sont très exposés à la pauvreté : «une personne sur quatre vit sous le seuil de pauvreté», souligne l’étude.

«Globalement, les ménages disposent des revenus les plus faibles (…) dans les territoires de production de bovins viande ou mixte, d’ovins ou de caprins», indique l’étude de l’Insee rendu public le 11 octobre. C’est en Ile-de-France que le niveau de vie des ménages agricoles est le plus élevé, note l’Insee. En revanche, les agriculteurs de la Lozère, Creuse, Ariège, Ardèche et plus encore Martinique et Réunion se situent en bas de tableau des revenus.

Des conditions de vie plus favorables

Un des nombreux enseignements de cette étude est que seulement un tiers du revenu disponible est tiré du revenu agricole. Les rédacteurs de la note modèrent cependant cette vision qui pourrait paraître négative, voire sombre, en soulignant le fait que «les conditions de vie (des agriculteurs, N.D.L.R.) sont globalement plus favorables», ne serait-ce que parce que, de par la nature de leur activité, «une partie des dépenses privées (logement, dépenses d’énergie…) peuvent être intégrées dans les comptes de l’exploitation».

Ce qui fait, qu’ils «ont moins souvent de difficultés de logement» et qu’ils «sont moins affectés par des restrictions de consommation courante». Reste qu’en comparaison du revenu moyen net médian des Français, de l’ordre de 2.424 euros par mois soit 29.088 euros par an, les agriculteurs français sont, dans leur grande majorité, loin du compte !

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