Publié le 18/11/2021 à 09h52 /

Influenza aviaire : la Bresse refuse de confiner ses volailles

// Alors que la France est de nouveau en alerte face à l’influenza aviaire, l’application des nouvelles règles sanitaires provoque des premiers remous sur le terrain. En Bresse, les producteurs de volailles refusent d’appliquer l’obligation de mettre leurs animaux à l’abri, effective depuis le passage le 5 novembre en niveau de risque “élevé”. Une première pour une filière organisée…

En Bresse, les producteurs de volailles refusent d’appliquer l’obligation de mettre leurs animaux à l’abri, effective depuis le passage le 5 novembre en niveau de risque “élevé”. Photo Facebook

À la différence des labels rouges, les éleveurs bressois ne veulent pas modifier temporairement leurs règles, au nom de la différenciation de leur produit haut de gamme. «C’est une décision de filière», explique-t-on au CIVB (interprofession des volailles de Bresse). «Si on supprime l’accès au parcours, nos volailles ne répondront plus au cahier des charges AOP», explique Morgan Merle, éleveur et président des JA de l’Ain, à Agra Presse.

Les règles de l’appellation de Bresse prévoient que les animaux «doivent avoir libre accès à un parcours herbeux de 10 mètres carrés minimum par volaille». Produit haut de gamme, «la volaille de Bresse se vend 14 €/kg, contre 2 €/kg pour la volaille standard», précise le responsable syndical à France 3.

Proposition d’alternatives

Un arrêté du 17 septembre a supprimé la possibilité de déroger à l’obligation de claustration jusque-là utilisée à chaque épisode d’influenza par les volailles de Bresse. Prévue par l’arrêté du 16 mars 2016, cette dérogation devait être demandée individuellement par chaque exploitation, et validée par les services vétérinaires. Le CIVB indique avoir envoyé courant octobre un courrier au ministère de l’Agriculture pour demander le rétablissement de cette dérogation.

À cette occasion, la filière a proposé des «alternatives au confinement : réduction du parcours au minimum permis par le cahier des charges, ouverture des trappes différée dans la matinée, allongement de la phase de démarrage.» Une requête à laquelle la Rue de Varenne n’a pas encore répondu, selon le CIVB.

Avec 159 éleveurs pour quelque 900.000 poussins mis en place en 2018, les volailles de Bresse sont les seules à bénéficier d’une AOP. À en croire le président du Synalaf (volailles label), le Landais Bernard Tauzia, les producteurs de volailles label rouge ne partagent pas la position des Bressois. «On a signé la feuille de route influenza (N.D.L.R. : en juillet). Tous les syndicats, tous les groupements étaient là, y compris la volaille de Bresse», rappelle-t-il.

Le nouveau cadre sanitaire entré en vigueur cet automne n’est «pas idéal», concède le président du Synalaf, «mais on a trouvé un compromis.» Et de conclure : «Il faut respecter ce qu’on a signé, nous ferons le bilan après.»

Le Sud-Ouest met la pression

Dans la foulée du passage en risque “élevé”, le gouvernement a publié le 9 novembre un arrêté autorisant les producteurs label rouge à «conserver les [volailles] à l’intérieur», temporairement et «par dérogation.» Un texte qui concerne les principales productions avicoles sous label : volailles de chair, poules pondeuses et palmipèdes à foie gras. «Le même dispositif de modification temporaire existe en AOP», affirme l’INAO à Agra Presse. Mais les éleveurs de Bresse défendent leur singularité bec et ongles.

«En label rouge, les poulets reçoivent un aliment complet dans leur cabane, explique Morgan Merle. Les volailles de Bresse, elles, sont carencées en protéines, elles ont besoin d’aller dehors sous peine de dépérir. […] Il y a une volonté des éleveurs de ne pas modifier le cahier des charges», au nom de la différenciation du produit.

Quelques jours après cette décision des producteurs bressois, Maïsadour mettait la pression : «Si tous les éleveurs au niveau national ne respectent pas, strictement, les règles de biosécurité, dont la mise à l’abri des animaux, nous ne survivrons pas à une quatrième crise» d’influenza, a déclaré son président Michel Prugue.

 

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