Publié le 20/01/2022 à 16h34 /

Influenza : l’État renforce sa stratégie de dépeuplement préventif dans 266 communes

// Le ministère de l’Agriculture a décidé, ce jeudi 20 janvier, un dépeuplement préventif dans tous les élevages avicoles de 226 communes : 161 dans les Landes, 39 dans le Gers et 26 dans les Pyrénées-Atlantiques. L’objectif est d’éradiquer le virus dans la zone géographique la plus touchée par l’épizootie mais aussi de permettre, après assainissement, un redémarrage dans les meilleurs délais.

Le 7 janvier dans les Landes, Julien Denormandie avait évoqué l’hypothèse d’un renforcement des opérations de dépeuplement.// Photo agriculture.gouv.fr

Le ministère de l’Agriculture a donc confirmé ce jeudi 20 janvier, l’information concernant le renforcement de la stratégie de lutte contre l’influenza aviaire. Un dépeuplement préventif de toutes les volailles et palmipèdes de la zone géographique frappée par une majorité des foyers a été annoncé. Le ministère justifie une «mesure forte mais nécessaire qui vise à réduire la durée de l’épizootie et prévenir son extension vers d’autres zones de production aujourd’hui indemnes, et permettre une remise en place des animaux dans les élevages le plus rapidement possible».

Concrètement, 226 communes sont impliquées : 161 dans les Landes, 39 dans le Gers et 26 dans les Pyrénées-Atlantiques. Ces opérations pourraient potentiellement concerner 1,3 million d’animaux, toutes espèces confondues, dont environ 230 élevages de palmipèdes (les statistiques pour les élevages de volailles de chair n’étaient pas encore finalisées à l'heure où ces lignes sont écrites). En tenant compte du 1,2 million d’animaux déjà abattus (dont près de 900.000 palmipèdes et près de 400.000 de l’espèce gallus), ce sont au total 2,5 millions de volailles qui pourraient faire l’objet des opérations d’abattage et de dépeuplement.

Ce zonage pourra, le cas échéant, être révisé en fonction de l’évolution sanitaire, précise-t-on rue de Varenne. En parallèle, les remises en place d’animaux restent suspendues. Les troupeaux de reproducteurs et les couvoirs vont être préservés afin de conserver le potentiel de repeuplement après la crise.

Possibilité de valorisation

«L’objectif est de réaliser ces opérations de dépeuplement en l’espace de trois semaines, mais en permettant de valoriser autant que possible les productions qui pourront l’être», précise le ministère. Des lots d’animaux sains devant arriver en fin de cycle dans ce laps de temps pourront donc hypothétiquement faire l’objet d’une valorisation. Cette possibilité va dépendre, essentiellement, de leurs situations géographiques par rapport à des foyers et au regard des risques de contamination encourus. Des examens au cas par cas seront réalisés.

Pour mener à bien les dépeuplements, les capacités d’abattage vont être renforcées. Le ministère évoque les réquisitions d’abattoirs, ainsi que la mise en place d’une deuxième plateforme dédiée (en plus de celle de Hagetmau), dont l’emplacement faisait encore l’objet d’expertise. Des équipes de vétérinaires vont continuer, également, à intervenir sur le terrain, potientiellement épaulées par des étudiants vétérinaires. Étant donné les outils à disposition, les opérations d’abattage devraient être finalisées plus rapidement au niveau des palmipèdes que pour les volailles de chair.

Si le délai de trois semaines est mis en avant pour procéder au vide sanitaire, aucune date n’est avancée quant aux éventuelles remises en place. «L’objectif est d’aller vite, mais il est trop tôt pour donner une échéance, indique le cabinet de Julien Denormandie. Cela ne pourra se faire qu’après la stabilisation sanitaire de ces zones».

La décision de renforcer la stratégie de lutte a été motivée par la hausse rapide du nombre de foyers ces deux dernières semaines dans les territoires concernés. Ce jeudi 20 janvier, les données ministérielles faisaient état de 231 élevages touchés, dont 166 dans les Landes, 41 dans les Pyrénées-Atlantiques, 24 dans le Gers, 4 dans les Hautes-Pyrénées et un en Lot-et-Garonne.

Emballement épidémiologique

Le ministère met en avant le travail engagé par des épidémiologistes sur le terrain pour comprendre cette épizootie. Les premiers éléments qui ressortent mettent en évidence un virus différent ce celui qui a frappé début 2021. Il affecte beaucoup les volailles de chair notamment (gallus). Les premiers enseignements tendent à montrer que le Sud-Ouest a été soumis à plusieurs introductions concomitantes. Le virus s’est ensuite propagé d’élevage en élevage, via plusieurs mécanismes : des particules aéroportées mais aussi par des liens épidémiologiques entre élevages.

Pour autant, le ministère affirme que la mise à l’abri des animaux dans les élevages, les mesures de biosécurité en vigueur, ainsi que les mesures d’abattage préventif à proximité immédiate des foyers, ont permis de ralentir la progression de l’épizootie par rapport au rythme connu lors de la précédente crise. «Nous avons modélisé une diffusion moins rapide… Là où nous avions soixante suspicions par jour l’an dernier, nous en comptabilisons une vingtaine cette année. C’est le même rapport pour les confirmations de cas… Les mesures ont eu effet positif».

Les élevages dont les animaux vont être dépeuplés seront indemnisés dans les mêmes conditions que l’année dernière. Le cabinet du ministre précise que les premiers versements des acomptes pour les indemnisations sanitaires ont débuté pour les élevages du Nord et dans le Sud-Ouest. «Ensuite, les dispositifs devraient être reconduits stricto sensu, avec un calcul des pertes basé sur l’EBE». Une annonce qui fait écho aux revendications des représentants professionnels qui plaident pour une prise en compte de la hausse des coûts de production dans les mécanismes d’indemnisation.

Enfin, le ministère de l’Agriculture met en exergue la poursuite des travaux sur la vaccination. Ceux-ci visent à déterminer les modalités à la mise en place d’une étude expérimentale, qui doit permettre d’acquérir des données sur l’efficacité des vaccins pour les canards. Il s’agit, notamment, de vérifier leur efficacité pour protéger les animaux d’une infection, leur effet sur l’excrétion et la diffusion de virus et d’acquérir des données pour aider à la définition d’une stratégie vaccinale.

En parallèle, la France porte le sujet au niveau communautaire dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Le Gouvernement espère qu’un cadre légal européen pourra être défini. «Cette démarche prendra probablement un certain temps mais nous avons bon espoir de parvenir à dégager un consensus sur ce dossier», indique l’entourage du ministre.

F. Brèthes

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