Publié le 19/08/2011 à 11h36 /

Dans l'antre des bergers

// Après le succès de l'édition 2010, l'Association des éleveurs transhumants des trois vallées a renouvelé l'opération cabanes ouvertes. Objectif : faire découvrir le travail des bergers et leurs fameux fromages.

Denis Fourcade explique avec passion son métier de berger transhumant. Les conditions de productions décrites par le jeune éleveur n'ont pas manqué de surprendre les visiteurs du jour © F.B / Le Sillon
Au sommet de col de Houratate, entre Aspe et Barétous, la route vers les estives de Bergout serpente à  travers les hêtres biscornus. Les panneaux annoncent 1 009 mètres d'altitudes. Tout au bout du chemin, apparaît la cabane. C'est une construction moderne, dotée d'une partie habitation et d'une pièce pour la fabrication des fromages. Depuis le pas-de-porte, la vue sur la vallée d'Aspe est imprenable. En contrebas, les villages d'Accous, Bedous et Osse-en-Aspe déploient leurs toits d'ardoises.
Cinq mois dans l'année, cette cabane est le repère de Denis Fourcade, berger transhumant. Durant deux jours pendant l'été (les jeudis 28 juillet et 11 août), il s'est proposé de faire découvrir son quotidien aux visiteurs, dans le cadre de l'opération cabanes ouvertes. Initiative de l'Association des bergers transhumants des trois vallées, cette démarche de communication a vu le jour en 2009.
Dans le milieu pastoral, Denis Fourcade fait figure d'extraterrestre. Né voilà  un peu plus de vingt-cinq ans dans la banlieue paloise, d'un père facteur et d'une mère animatrice commerciale, rien ne le prédestinait à  épouser une telle carrière. Pourtant, très rapidement, certains signes n'ont pas trompé. Son entourage en fait le récit. « Il a toujours aimé les animaux. Tout petit, il allait au manège de Laroin, promener les gens sur le dos des poneys. Il avait çà  dans la peau », confie son cousin. La promotion des fameux fromages
Dès l'àge de treize ans, Denis apprend les rudiments du métier de berger, au côté d'une famille d'éleveurs chevronnés. « Je leur dois tout », avoue-t-il. À leur côté, il passera douze étés successifs dans les montagnes. Après un baccalauréat professionnel et un stage de six mois, il s'installe avec un troupeau de brebis, en 2005. « Au départ, j'ai commencé très petit, je n'ai pas beaucoup investi. Avec mes économies, j'ai acheté environ quatre-vingts animaux. La première année, j'ai gardé toutes les agnelles. C'est de cette manière que j'ai monté le troupeau », se souvient-il.
Après quelques saisons passées au sein d'une estive du cap de la Baitch, sur la commune de Lescun, Denis a rejoint la cabane de Bergout, il y a quatre ans. Rénovée au début des années 2000, la construction répond aux normes européennes. Elle est équipée de panneaux solaires et est approvisionnée en eau par une source. Denis vit là  en famille. En plus de son épouse, il est accompagné par ses deux filles qui disposent d'un terrain de jeu peu commun. « Nous vivons ici à  peu près cinq mois de l'année, du 15 mai au premier octobre environ, souffle l'éleveur. La date de départ dépend beaucoup des conditions climatiques ». Lieu de travail, mais aussi lieu de vie, la cabane est le centre de la vie estivale des bergers transhumants. Traite des brebis, fabrication des fromages, surveillance du troupeau, c'est le rude marathon de l'été.
Jeudi 11 août, pour la deuxième journée de l'opération cabanes ouvertes, une trentaine de visiteurs avait fait le déplacement afin de découvrir ce mode de vie si particulier. Le temps de quelques heures, ils ont pu vivre au rythme de la montagne. Pour Denis aussi, cette journée constituait un bol d'air. « On vient de passer près de deux mois sous la pluie et dans la boue. Ce n'est pas toujours facile, mais on s'accroche et on se dit que ça va passer ».
Pour assister à  la traite, mieux valait être matinal. L'éleveur a ensuite procédé à  la fabrication des fromages. Caillage, découpage, brassage autant d'étapes réalisées manuellement, avec des gestes ancestraux. Même si modernisations et confort ont été apportés aux cabanes, le métier des bergers reste le même que celui de leurs prédécesseurs. « Cette fabrication traditionnelle confère aux fromages leurs goûts et leurs particularités, explique le berger. Ajoutée aux conditions d'élevages en estives, on obtient un produit exceptionnel et unique, avec des parfums prononcés d'herbes aromatiques. Le climat a également un effet important. Par exemple, les jours d'orages, le fromage aura un goût plus prononcé ».
De telles conditions de production n'ont pas manqué de surprendre l'assistance. La présentation a ensuite laissé place à  la dégustation. Même s'il s'agissait de fromages de printemps (le fromage d'estive ne sera prêt qu'à  l'automne), tous ont été séduits par ce produit inimitable. En plus du plaisir des yeux, chacun a pu rentrer chez soi avec du bonheur plein les papilles.
Fabien Brèthes Cabanes ouvertes
L'opération cabanes ouvertes permet aux visiteurs de partager, le temps d'une journée, le quotidien d'un berger transhumant. L'Association des éleveurs transhumants des trois vallées, est instigatrice de cette opération. En 2010, près de sept cents personnes s'étaient succédées durant deux jours. Pour cette troisième édition, sept bergers ont ouvert les portes de leurs cabanes, les jeudis 28 juillet et 11 août. Ils étaient répartis sur les vallées du Barétous, d'Aspe et d'Ossau.

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