Publié le 10/02/2014 à 09h26 /

La nouvelle identification ovine suscite un flot de critiques

// L'obligation de l'identification électronique des petits ruminants n'a pas convaincu les acteurs de la filière, mais le processus est dans une phase trop avancée pour envisager de revenir sur cette mesure.

Trois ans après l'instauration de la mise en place de l'identification électronique des ovins, les acteurs de la filière dressent un bilan très mitigé. Un point positif toutefois : une meilleure traçabilité et la gestion facilitée des signes de
Industrialisation de l'élevage, technologie inutile, coûts élevés, contraintes administratives supplémentaires: l'identification électronique des petits ruminants a suscité de nombreuses critiques. Un rapport du conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) du ministère de l'agriculture, remis en juin mais publié fin 2013, confirme que ce dispositif revêt un intérêt assez limité. Rappelons que, depuis juillet2010, un règlement européen impose aux éleveurs de moutons et de chèvres d'identifier leurs animaux avec une boucle contenant une puce électronique RFID, sur laquelle sont inscrits le numéro de l'élevage et le numéro de la bête. Ces puces étaient censées favoriser la traçabilité, la sécurité sanitaire et faciliter le travail des éleveurs. Début 2013, le CGAAER, qui a voulu évaluer le dispositif, s'est rendu compte que le bilan était totalement négatif. «Intérêt limité» Les acteurs interrogés par le CGAAER sont très critiques envers ce nouveau dispositif. Les petits éleveurs (80% des cheptels ovins et caprins comptent moins de 50 animaux) estiment que «ça coûte cher et ça ne sert à  rien». Ils ne comprennent pas que les mêmes règles s'appliquent quel que soit le nombre d'animaux. Les détenteurs de plus gros cheptels redoutent la complexité du dispositif et le risque, en cas de contrôle, de pénalités sur les aides PAC. Chez les polyculteurs, lorsque l'élevage ovin est marginal par rapport aux autres productions, «certains font le choix de cesser cette activité pour ne pas courir le risque de se voir pénalisé, au titre des aides communautaires, se reportant sur une activité céréalière plus lucrative», note le rapport. En résumé, l'identification électronique est vue comme une «contrainte réglementaire» de plus pour les éleveurs. Le point de non-retour À l'autre bout de la chaîne, le constat est mitigé: le commerce de bétail et la coopération, qui espéraient des gains de productivité, «ne cachent pas leur déception face aux performances des matériels de lecture» qui fonctionnement mal, «ralentissent les opérations» et «exigent la présence d'un opérateur, ce qui génère des surcoûts». La seule opinion favorable émane de l'industrie de la viande, qui apprécie «une meilleure traçabilité des viandes et la possibilité de gérer facilement les signes de qualité». Malgré ces critiques, «un point de non-retour» semble atteint, la majorité des bêtes étant équipées. «Pratiquement tout le monde l'a mis en place à  part quelques réfractaires», constate Sébastien Duroy, responsable de projet identification animale à  l'Institut de l'élevage. «Mais il n'y a qu'une portion très minoritaire qui le valorise au quotidien: c'est perçu comme une contrainte réglementaire coûteuse et inutile, alors que l'outil pourrait permettre une meilleure gestion du troupeau», développe-t-il. Dans ce contexte, le conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux recommande «d'étudier les pistes permettant de réduire les coûts de l'identification», et de subventionner les achats groupés de matériel. Les éleveurs ont jusqu'à  décembre 2014 pour équiper l'ensemble de leur cheptel.

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