Machinisme agricole : sécurité et prévention toujours d'actualité
// Les risques liés à l’utilisation de tracteurs et autres matériels agricoles et la nécessaire prévention : le thème n’est pas nouveau mais le monde agricole doit encore y travailler.
Les chiffres avancés par Jean-Claude Jeansou, président de la fédération Lot-et-Garonne de Groupama, le mercredi 13 mai lors d'une conférence organisée par Groupama dans le cadre du salon de l'agriculture d'Aquitaine, sont sans appel. Sur les 130.000 contrats gérés par la caisse interrégionale, plus de 13.000 sinistres ont été enregistrés en 2013. Soit presque quarante sinistres par jour répartis sur les dix départements couverts par la caisse.
Face à de tels chiffres, la filière veut logiquement accentuer la pression sur les professionnels de l’agriculture. Et pour cela, une seule solution. «La sensibilisation et la formation restent la démarche à faire et à encore renforcer», explique Jérôme Jaumont (CUMA Aptoca, 47). Un principe sur lequel les acteurs présents autour de la table le rejoignent. Pour Robert Barrière, président des Entrepreneurs des territoires de la Gironde, «la formation est le seul outil pour baisser le nombre de sinistres. En Gironde, Cap Conduite est un exemple parfait de formation aux nouveaux matériels». Walter Guintard, président de la fédération Charente de Groupama, se dit même prêt à «aller chercher le public, notamment dans les lycées, pour faire de la prévention, et de façon gratuite».
Former, toujours
Au-delà de cette simple formation, il faut parvenir à faire évoluer les consciences. Mais faire avancer les mentalités, c’est aussi identifier au départ les causes de ces incidents. Jérôme Jaumont évoque notamment «le besoin de rapidité, d’instantanéité, qui est partout dans la société, y compris dans l’agriculture». Or, celui-ci crée forcément une tension supplémentaire et augmente le pourcentage de risque d’avoir un sinistre. Parmi les autres causes soulevées dans le débat, celle de la manutention du matériel agricole à l’intérieur même des fermes, qui peut causer des sinistres par inadvertance, par «un phénomène d’habitude», comme le souligne Jérôme Jaumont. La surcharge de matériel, l’utilisation pour autre chose que l’emploi prévu initialement sont d’autres facteurs identifiés à risque.
Pour Bernard Artigue, président de la chambre d’agriculture de la Gironde, la sensibilisation doit se faire des deux côtés de la sphère de l’entreprise. Chez les salariés, pour leur faire comprendre les risques qu’ils encourent avec le matériel qu’ils utilisent. Mais chez les chefs d’exploitation également. «On demande à un salarié qu’il fasse le travail bien, vite, et qu’il prenne soin du matériel. Mais cela prend du temps, et il faudrait lui en donner plus pour qu’il s’adapte, qu’il se forme», explique-t-il.
Selon Patrick Vasseur, président de la FDSEA de Gironde, «le monde agricole connaît des difficultés et veut travailler vite. Le matériel n’est malheureusement pas la priorité le plus souvent, il faudrait avancer là-dessus». Et d’en revenir ainsi à la question de la formation, mais aussi et surtout à l’évolution des mentalités. Mais ce mercredi 13 mai, ils étaient peu autour du stand à suivre cette conférence. Preuve qu’il reste encore du travail à accomplir…
Sylvain Desgroppes