Publié le 20/07/2015 à 12h44 /

Thierry Roquefeuil claque la porte de l’interprofession laitière

// Thierry Roquefeuil, président de l’interprofession laitière, le Cniel, depuis 2013, a remis sa démission «aux présidents de la Fédération nationale des industries laitières (Olivier Picot) et de la Fédération nationale des coopératives laitières (Dominique Chargé)», annonce un communiqué de la FNPL, le 9 juillet.

« Je considère que je ne peux pas cautionner cette attitude d’indifférence des collèges des transformateurs alors que j’appelle depuis de longues semaines à la responsabilité de tous les acteurs de la filière », a expliqué Thierry Roquefeuil.

Le matin même lors du conseil d’administration du Cniel, à la suite de la présentation de la conjoncture laitière actuelle (difficulté de trésorerie des éleveurs et prévisions des cours du lait à la baisse sur les six prochains mois), la FNIL a demandé une suspension de séance, accompagnée de la FNCL. À leur retour, ils ont exprimé leur volonté «de n’avoir de compte à rendre à personne», comme l’exprime un membre de la filière. Du moins, cela a-t-il été perçu comme cela par l’ensemble des représentants des producteurs.

Thierry Roquefeuil, également président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), estime qu’«ils considèrent que l’interprofession n’est pas le lieu pour parler de prix et de volume». L’interprofession est en échec. «Je considère que je ne peux pas cautionner, en tant que président du Cniel, cette attitude d’indifférence des collèges des transformateurs alors que j’appelle depuis de longues semaines à la responsabilité de tous les acteurs de la filière», a expliqué Thierry Roquefeuil dans son communiqué.

Échec et médiation

La FNPL, dans un communiqué du 7 juillet, avait effectivement rappelé qu’elle avait «demandé à chacun des acteurs de l’aval de la filière» qu’elle avait rencontrés, «d’actionner la clause de survie (ou clause de renégociation) telle que la loi le prévoit pour permettre aux producteurs de lait de passer cette crise. La FNPL fait le constat que la filière laitière n’a pas répondu, à ce jour, à la grande détresse des producteurs de lait». Le syndicat annonçait donc une mobilisation plus forte des éleveurs, surtout dans un contexte où la sécheresse «risque de faire grimper le cours des céréales et renchérir le coût de l’alimentation».

Thierry Roquefeuil s’interroge de son côté sur le rôle de l’interprofession. «Ma question, face aux problèmes de conjoncture, c’est: qu’est ce qu’on fait? C’est un travail de réflexion en commun qu’il faut avoir. Nous sommes obligés d’avoir une stratégie commune». Il justifie sa démission par son lien avec les producteurs. «Les choses n’avançaient plus», continue le président de la FNPL.

Démission surprise

Dominique Chargé, président de la FNCL, répond que «l’on ne change pas le marché parce qu’on en a discuté en interprofession. Je reconnais parfaitement que la conjoncture est difficile pour la filière aussi bien pour les producteurs que les industriels. Nous sommes exposés à la violence du marché international. Tous les acteurs doivent se retrousser les manches». Il parle de fusion entre coopératives, de valorisation sur le marché intérieur, de la nécessité d’intervention des pouvoirs publics, de mesures d’urgences. «Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas eu de mesures prises à Bruxelles pour anticiper la crise avec des retraits massifs de produits sur les marchés et une hausse du prix d’intervention», observe-t-il. Il accuse l’embargo russe et surtout le retrait de la Chine. Sa voix est tendue, nerveuse. Il s’avoue «surpris» de la démission du président du Cniel.

En entretien avec le Stéphane Le Foll quelques heures plus tard, Thierry Roquefeuil a réévoqué avec lui la situation délicate des éleveurs, demandant un soutien fort du ministre, lors de la réunion préparatoire du prochain conseil européen de septembre, au sujet de la crise laitière. «Le travail, c’est de rassembler (N.D.L.R.: l’ensemble des membres de la filière) pour leur donner des objectifs communs […], arriver à faire en sorte qu’il y ait une cohérence dans la filière, rapprocher les points de vues et remettre tout le monde avec des objectifs communs et collectifs», a évoqué Stéphane Le Foll, lors d’une interview, le 9 juillet, sur RTL au sujet de la crise dans la viande bovine. Un discours qui pourrait s’appliquer aussi à la filière laitière. Cela dit, à défaut d’interprofession, il reste toujours la médiation…

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