Publié le 24/11/2015 à 16h02 /

L’agriculture n’échappera pas à la révolution numérique

// Les agriculteurs français ne doivent pas rater le tournant de la numérisation dans leur profession. C’est ce qu’indique, implicitement, le centre de réflexion Renaissance numérique dans son rapport annuel, où il aborde l’ensemble des aspects de cette numérisation.

Le centre de réflexion Renaissance numérique, très spécialisé sur l’impact de l’informatique et d’Internet dans la société, s’est penché cette année sur la numérisation et ses effets en agriculture.

La numérisation touche toutes les dimensions de l’agriculture. La production elle-même a déjà vu bon nombre d’applications qui vont encore se développer. Ainsi, l’utilisation des capteurs sur des animaux ou des drones pour surveiller les parcelles est déjà une réalité. Exemple, en Espagne, l’utilisation des pesticides sur les vignes a diminué de 20%, grâce à l’installation de capteurs. L’utilisation des drones sur les cultures commence à rendre possibles des traitements plus rapides et plus ciblés, d’où des économies d’intrants. Mais ils permettront aussi d’épandre des produits ou même des insectes en lutte biologique.

Déjà, Internet permet aux agriculteurs de faire leurs déclarations PAC tandis que ces exploitants échangent de plus en plus d’informations entre eux, grâce au web ou y achètent du matériel. Le taux de connexion des agriculteurs est d’ailleurs l’un des plus élevés, et le serait encore plus si le haut débit était généralisé. C’est d’ailleurs une des recommandations les plus fortes du rapport de Renaissance numérique.

Vidéosurveillance et capteur biocapteurs

Autre application, la vidéosurveillance permettra de plus en plus de gérer des troupeaux en stabulation et des biocapteurs d’en surveiller l’état de santé. Des technologies similaires (capteurs, vidéo) permettraient aussi de gérer plus efficacement l’irrigation. Tous ces usages devraient permettre une amélioration des rendements et/ou une économie de moyens, donc un respect plus grand de l’environnement. Le rapport de Renaissance numérique imagine même l’utilisation d’imprimantes 3D par des agriculteurs produisant une partie de leurs équipements. L’ensemble de ces outils devrait permettre une révolution agricole nouvelle.

Selon une étude américaine, ils permettraient une économie possible de 15% en moyenne sur les intrants. Cela ne concerne pas que les pays occidentaux, mieux équipés. Le développement des smartphones dans les pays émergents permet déjà de recueillir des données agronomiques et météo, de les traiter et de faire profiter les agriculteurs du résultat. Autre retombée de la numérisation en agriculture, la réduction des coûts des équipements. Tant par la mise en réseau des agriculteurs et leur accès bien plus large qu’aujourd’hui à des équipements de seconde main, que par l’achat en commun ou le financement participatif (crowdfunding).

Circuits courts et valeur ajoutée

Dans sa deuxième partie, le rapport aborde l’impact de la numérisation sur la commercialisation des denrées agricoles. C’est le phénomène des circuits courts, Internet permettant de mettre en place des circuits sans intermédiaires même lorsque le consommateur et le producteur sont situés à des centaines de kilomètres de distance. Déjà, un agriculteur français sur cinq vend une partie de sa production en circuit court.

Ce rapprochement devrait aussi permettre de rassurer le consommateur, sur l’origine de ce qu’il mange et sur sa qualité sanitaire. Le phénomène permettrait également à l’agriculteur de récupérer une partie de la valeur ajoutée. Mieux encore, la numérisation peut ouvrir l’accès à des marchés exports que l’agriculteur ne pouvait atteindre auparavant.

Pour permettre aux agriculteurs — mais aussi aux consommateurs — de bénéficier de cette numérisation, les experts de Renaissance numérique proposent aux pouvoirs publics comme aux acteurs économiques une série de propositions afin que les Français restent dans la course mondiale:
- En premier lieu, la couverture de l’ensemble du territoire pour l’accès internet, en haut ou bas débit.
- L’accompagnement de l’équipement en outils numériques.
- Le soutien des mécanismes de crowdfunding pour financer les investissements des agriculteurs.
- L’introduction systématique de la pratique du numérique dans la formation initiale ou professionnelle des agriculteurs.
- Faire des coopératives ou des syndicats des acteurs de cette formation.
- Le développement des outils de formation en ligne.
- Inciter les coopératives à se développer sur le big data agricole.
- Encourager la vente en circuits courts en utilisant des sites internet dédiés.
- Mettre les agriculteurs au cœur des applications de certification et traçabilité des produits alimentaires.
- Inciter les acteurs de l’agroalimentaire à mettre en place des outils de traçabilité grand public pour informer sur la provenance du produit, faire émerger, grâce à des investissements des champions français de la foodtech.

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