Publié le 06/07/2016 à 15h45 /

Trésoreries et moral des agriculteurs sont au plus bas

// Les statistiques confirment le ressenti des délégués de la Mutualité sociale agricole: les trésoreries et le moral des agriculteurs sont au plus bas. À l’occasion de l’assemblée générale le président Pascal Cormery a tiré la sonnette d’alarme le 22 juin, rappelant que si l’aide sociale joue un rôle, elle ne peut pas se substituer à une remontée des prix agricoles plus qu’urgente.

La MSA a accompagné les agriculteurs dans le cadre des mesures décidées par les pouvoirs publics, tout au long de l’année 2015.

«On sent les gens épuisés moralement», a déclaré Pascal Cormery, le président de la MSA, à l’issue de l’assemblée générale de la caisse centrale, le 22 juin dernier à Paris. Signe de la crise qui frappe le monde agricole, l’augmentation des demandes de la prime d’activité qui a remplacé le RSA. La MSA a reçu 153.000 demandes l’an dernier, «alors que 60.000 étaient attendues». Deux tiers concernent les salariés agricoles et un tiers les exploitants.

«Jusqu’à présent, c’étaient les salariés agricoles qui étaient en difficulté, ce sont de plus en plus les exploitants», note le président de la MSA pour expliquer l’étendue de la précarité qui frappe désormais les agriculteurs qui ne bénéficient, au bout du compte, que d’une prime mensuelle moyenne de 183 euros.

Autre signe de la détresse agricole, notée par la MSA, «la montée en charge» des appels des agriculteurs à la cellule Agri’écoutes, une permanence anonyme lancée fin 2014. Jusqu’en décembre 2015, Agri’écoutes recevait en moyenne 90 appels par mois. Elle en a reçu 365 en janvier, 389 en février et encore 270 en mars. «Historiquement, c’étaient plutôt des éleveurs isolés, célibataires qui appelaient, aujourd’hui ce sont des familles qui sont en difficulté», observe Michel Brault, le directeur général de la MSA.

De nouvelles enveloppes d’aides en 2016

La MSA a également accompagné les agriculteurs dans le cadre des mesures décidées par les pouvoirs publics, tout au long de l’année 2015. D’abord, la prise en charge des cotisations. Financées par le fonds national d’actions sanitaire et sociale, elles se sont élevées au total à 85 millions d’euros l’an dernier.

À cela se sont ajoutées deux mesures exceptionnelles dans le cadre du plan de soutien à l’élevage: la réduction de l’assiette minimale en Amexa qui s’est traduite par une moindre émission de cotisations sur la branche maladie des non-salariés agricoles de 48,2 millions d’euros et la possibilité pour les chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole de demander, à titre dérogatoire, l’application d’une assiette annuelle et non triennale pour le calcul des cotisations dues au titre de l’année 2015 et/ou de l’année 2016. La mesure représente, sur l’année, une diminution de l’enveloppe des cotisations appelées de 39,1 millions d’euros, selon la MSA.

Une rentrée à haut risque

Les choses ne s’arrangent pas en 2016. À la crise économique s’ajoutent les conséquences des inondations qui, pour certains agriculteurs, sont catastrophiques. «Des maraîchers ont non seulement tout perdu, mais ils doivent engager des travaux pour assainir et reconstituer les sols», déplore Pascal Cormery. Ainsi, la MSA a d’ores et déjà prévu un budget de 60 millions d’euros de prise en charge des cotisations sociales, dont 30 millions d’aides d’urgence, financées à parts égales par la MSA et par le ministère de l’agriculture.

«Les mois de septembre et octobre seront à haut risque pour le monde agricole», redoute le président qui insiste sur la nécessité d’une amélioration de la situation économique des agriculteurs. «Toutes les aides sociales du monde ne compenseront pas la crise économique qui ne trouvera une issue que par l’augmentation des prix agricoles», conclut-il.

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