Publié le 15/11/2016 à 10h20 /

Le sel de Salies-de-Béarn a reçu son certificat officiel de l’IGP

// Le lundi 17 octobre à Bruxelles, Cristina Rueda-Catry, de la Commission européenne, a remis à Bernard Dupont le certificat d’identification géographique protégé (IGP) pour le sel de Salies-de-Béarn, utilisé dans l’élaboration du jambon de Bayonne.

Le président du Consortium, Bernard Dupont, n’a pas manqué de saluer l’implication des différents acteurs et partenaires aux différents échelons de la procédure pour parvenir, dans des délais relativement brefs, à l’obtention de l’IGP.

Les historiens l’affirment: Salies-de-Béarn puise ses plus lointaines origines à l’âge de bronze. Des découvertes de vestiges de poteries confirment aussi qu’au IVe siècle avant notre ère, les Gallo-Romains exploitaient déjà le sel de ses sources miraculeuses… Miraculeuses car ce sel triasique, vieux de 250 millions d’années, était, tel l’or, symbole de «puissance et richesse». Au fil des siècles, il sera synonyme pour Salies-de-Béarn de prospérité, bien-être et santé…

Des dates déterminantes jalonnent ainsi l’histoire de la fontaine autour de laquelle s’est édifiée la cité béarnaise. Dès le Moyen Âge, ses riverains s’étaient regroupés en une association de voisins («besins») qui deviendra plus tard la Corporation de parts-prenants, dont le règlement sera codifié en 1587. Ainsi la fontaine salée jouera-t-elle, au fil des siècles, un rôle social majeur au profit des Salisiens — surtout des plus vulnérables — en matière de santé, d’éducation, de solidarité.

Plus de 2000 ans d’histoire

La création de la première saline en 1842 et la construction d’un établissement thermal en 1853 témoignent de son importance économique. «Jusqu’à la fin du XIXe, grâce aux revenus du sel, la Corporation a été le principal organisme de crédit de la ville et le moteur économique de la station thermale», rappellent ainsi les actuels responsables de cette association de parts-prenants, tous descendants des familles propriétaires de sources salées résidant à Salies avant 1587.

Gérée par un conseil des quarante notables et un conseil d’administration de neuf membres, cette assemblée est aujourd’hui présidée par Alain Latrubesse. Lui-même et son prédécesseur, Jean-Pierre Dufourcq-Brana, faisaient partie de la délégation qui s’est rendue ce lundi 17 octobre à Bruxelles pour la remise officielle du certificat de l’IGP. Une certification octroyée le 1er juin par la Commission européenne et confirmée par la publication d’un arrêté au Journal officiel de l’UE du 14 juin.

Un jambon doublement certifié!

Au terme d’un parcours qui aura été finalement assez rapide, le jambon de Bayonne — lui aussi sous IGP — peut désormais se targuer d’être «doublement identifié», comme le soulignait Peio Exeleku, fromager et nouveau venu dans les métiers de la salaison depuis sa reprise des Ets Baillet. Cette étape décisive illustre la nouvelle dynamique insufflée depuis la signature du bail de cession d’exploitation des salines au Consortium du Jambon de Bayonne, pour une durée de 50 ans.

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D’importants travaux de réhabilitation du site ont été réalisés entre 2011 et 2013 pour un montant de près de quatre millions d’euros. Du personnel a été recruté et des conventions ont été signées avec divers partenaires (SEM Catherine de Bourbon-Salies, office de tourisme Béarn des Gaves, université de Pau et des Pays de l’Adour, commune d’Oraàs…). Les salines poursuivent ainsi leur développement avec un objectif de production annuel de 1.500 tonnes de gros sel (lire l’encadré ci-dessous).

Reconnaissance européenne

En présence d’une cinquantaine d’invités, Cristina Rueda-Catry, représentant Phil Hogan, commissaire européen à l’agriculture, remettait ainsi le précieux document au président du Consortium, Bernard Dupont. Elle réaffirmait l’engagement de l’Europe pour la défense de ses produits sous signes de qualité, notamment lors des discussions commerciales bilatérales. Elle annonçait la mise en œuvre prochaine d’une enveloppe de 130 millions d’euros pour la promotion des produits en 2017. Le député Alain Lamassoure saluait, pour sa part, la stratégie de la filière porcine régionale sur le choix du créneau du haut de gamme et «le choix d’une agriculture de l’avenir en s’appuyant sur les traditions du passé».

Claude Serres-Cousiné, maire de Salies-de-Béarn, insistait quant à lui sur «l’effort collectif» qui a permis l’aboutissement du projet. Le vice-président du conseil régional Jean-Pierre Raynaud soulignait l’importance des signes officiels pour l’agriculture de la Nouvelle Aquitaine qui en compte désormais 158. Même analyse pour Charles Pélanne, représentant le conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, où développement agricole et installation des jeunes reposent en grande partie sur les démarches qualité.

Présents également Marie-Christine Butel, consul général de France, Patricia Pédelabat, présidente de l’association des Gascons de Bruxelles, Alexandra Ognov et Hélène Pineau, de l’INAO, ainsi que les responsables filières (dont Jean-François Renaud et Pierre Moureu pour l’Inpaq). Autant d’interlocuteurs conscients de l’importance de l’IGP en matière de protection juridique, de traçabilité du produit et de notoriété auprès du consommateur… Des atouts que Jean-Pierre Dufourcq-Brana assimilait à une «cerise sur le… jambon».

Guy Mimbielle

Le sel de Salies en bref…
Le sel de Salies-de-Béarn provient d’une eau de sources — notamment celle de la Reine Jeanne d’Oraàs — très pure et protégée de toute pollution par des couches d’argile et de marne. Le président Dupont et le secrétaire général du Consortium, Bertrand Écomard, rappelaient ainsi que cette eau riche en oligo-éléments, contient 300 grammes de sel par litre, soit une concentration dix fois supérieure à de l’eau de mer.
Le sel est obtenu selon une méthode ancienne: après pompage, l’eau est chauffée dans une poêle à sel, permettant par évaporation, la cueillette d’une fleur de sel en surface et la récolte du gros sel, très blanc, cristallisé en fond de poêle.
En 2015, 1.466 tonnes de sel ont été extraites des salines de Salies, contre 1.385 tonnes en 2011. La quasi-totalité est absorbée par le salage des jambons de Bayonne qui requiert 1 kg à 1,2 kg de gros sel par pièce. Parallèlement, les ventes de sel de table passaient de 146 tonnes à 194 tonnes durant la même période.
Une diversification a aussi été opérée avec la relance de la récolte de fleur de sel. Quatre tonnes ont ainsi été commercialisées en 2015 (contre deux tonnes en 2011). L’objectif à moyen terme est fixé à 10 tonnes par an.
Autre forme de diversification, la valorisation des eaux-mères pour les soins thermaux et leur extension à des usages vétérinaires (501 m3 commercialisés en 2015). Enfin, des actions de marketing ont aussi été lancées pour positionner le sel de Salies sur le créneau du cosmétique (sels de bain).

 

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