Pour les agriculteurs vendant leur production en circuit court, l’approvisionnement de la restauration collective est une démarche parfois compliquée. Outre la nécessité de se faire connaître auprès des gestionnaires des collectivités, il fallait également assurer une production régulière et répondre à de nombreuses formalités administratives pour entrer dans le cadre des marchés publics.

Démarrage en trombe dans les Landes

Devant ces difficultés à introduire les produits locaux dans les cantines scolaires, les départements de la Drôme et du Puy-de-Dôme ont créé en 2013 l’association Agrilocal. Cette plateforme Internet met directement en relation fournisseurs locaux (producteurs, artisans, entreprises locales) et acheteurs de la restauration collective. Elle garantit un accès de tous les producteurs à la commande publique et respecte ainsi les contraintes de publicité et de mise en concurrence édictées par le code des marchés publics.

Séduits par le concept, une trentaine de départements adhèrent désormais à la démarche, dont les Landes depuis le mois d’octobre 2015. De janvier à juin dernier, la plateforme Agrilocal 40 a été expérimentée dans le Pays Tarusate. «Cela a très bien fonctionné, commente Odile Lafitte, vice-présidente du conseil départemental en charge de l’agriculture. Sur la zone test, 55 fournisseurs locaux et 11 acheteurs publics se sont référencés ce qui a représenté plus de 220 produits enregistrés. L’activité a généré un chiffre d’affaires mensuel supérieur à la moyenne nationale des départements sur leur première année de fonctionnement et en constante progression».

De plus en plus d’acheteurs

Devant ce succès, le conseil départemental a voté, en septembre, l’extension du dispositif à l’ensemble des Landes. Pour marquer l’événement, un repas 100% local était organisé jeudi 13 octobre au collège Jean Rostand de Tartas. Au menu: velouté de potimarron du Jardin des saveurs (Meilhan), salade de gésiers de canards confits des établissements Dupérier (Souprosse), assiette de crudités des Fruitiers de Chalosse (Habas) assaisonnées à l’huile Oléandes (Mugron), poulet bio rôti de Dominique Lollivier (Rion-des-Landes), jardinière de légumes de Mélanie Martin (Saint-Pierre-du-Mont), yaourts de la ferme Bernadotte (Parleboscq) et pastis landais de chez Laborde (Ozourt).

«Nous travaillons depuis longtemps sur un approvisionnement local», témoigne Corinne Laboudigue, gestionnaire du restaurant scolaire qui sert 630 repas par jour aux collégiens, maternelles et primaires de la commune. «Agrilocal 40 nous a permis de connaître de nouveaux producteurs et ainsi de faire progresser notre part de produits locaux dans les assiettes. Mais cela fonctionne parce qu’il y a une véritable volonté politique d’aller en ce sens et que toute l’équipe est favorable à travailler des produits frais. Cela a aussi demandé de réorganiser le service, notamment pour réceptionner les commandes des différents producteurs».

Nouveaux équilibres économiques

Du côté des agriculteurs, le satisfecit est complet. Écoulant la majorité de sa production en vente directe, Dominique Lollivier voit dans Agrilocal 40 une «simplification de la démarche commerciale» mais aussi un «soutien à la production locale». Et c’est bien là l’un des enjeux du dispositif selon Odile Lafitte: «En proposant un débouché local, nous souhaitons contribuer à l’équilibre économique des exploitations agricoles landaises… et pourquoi pas aider à conforter l’installation de jeunes agriculteurs».

La demande en tout cas est bien réelle. Depuis l’ouverture de la plateforme à l’ensemble du département, déjà seize nouveaux acheteurs publics se sont référencés. Sans compter qu’à partir de janvier, elle s’ouvrira aussi aux restaurateurs privés…

Cécile Agusti