Publié le 04/06/2018 à 17h05 /

Quels sont les grands points de la loi Egalim adoptée par l’Assemblée nationale ?

// Après 77 heures de débats et 2.310 amendements examinés, le projet de loi issu des États généraux de l’alimentation a été adopté le 30 mai en première lecture à l’Assemblée nationale. Les avancées et les modifications obtenues par le texte de loi peuvent se répartir en quatre chapitres.

Le 30 mai, à 339 voix contre 84, les députés ont adopté le texte de loi «pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable».

Le 30 mai, l’Assemblée nationale a procédé au vote solennel du texte de loi «pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable». Suite aux discours des différents partis politiques pour expliquer leur vote, les députés ont adopté le projet de loi, 339 voix pour, 84 contre.

Du 22 au 29 mai, les députés ont examiné le texte en séance publique. Ils ont débattu pendant 8 jours de 2.310 amendements, dont 207 ont été approuvés. Les échanges ont duré 77 heures et 11 minutes. Le dernier vote s’est terminé dans la nuit du 29 mai, aux alentours de trois heures du matin.

Le projet de loi a pour objectif de répondre à la feuille de route du gouvernement pour mettre en place sa politique agricole nationale. Il est construit autour de deux titres. Le premier a pour ambition d’améliorer l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et le deuxième de garantir l’accès à une alimentation saine et durable. Voici les avancées et les modifications que la loi apporte dans quatre domaines essentiels.

Relations commerciales

Dans le premier titre de la loi, l’article premier a, à lui seul, fait l’objet de 300 amendements. Il «procède à la réécriture complète de l’article L. 631-24 du code rural et de la pêche maritime relatif aux contrats de vente de produits agricoles afin de clarifier les dispositions existantes, en les complétant par des dispositions nouvelles».

Les députés ont donc voté pour inverser le processus de construction des prix en s’appuyant sur les coûts de production des producteurs. Durant l’examen, l’amendement qui vise à rendre les «indicateurs utilisés dans les contrats neutres et indiscutables» a été adopté. Il précise que «les indicateurs sont diffusés par les organisations professionnelles». Il renforce également le rôle de l’Observatoire de formation des prix et des marges qui, «à défaut, avec FranceAgriMer, proposent ou valident des indicateurs». De plus, l’adoption de l’article 6 permet de faciliter la réouverture des négociations, en cas d’évolution des coûts de production.

Le 25 mai, les députés ont adopté l’article 9. Il doit permettre d’habiliter le gouvernement à prendre, par ordonnance, deux mesures dans le champ du Code du commerce, pour une durée de deux ans : d’une part le relèvement de 10% du seuil de revente à perte des denrées alimentaires revendues, en l’état, au consommateur ; d’autre part un encadrement en valeur et en volume des promotions pratiquées sur les denrées alimentaires.

En approuvant les articles 4 et 5, les députés ont voté pour faciliter et renforcer la médiation agricole et pour élargir les missions des interprofessions. Mais ils ont refusé de permettre au médiateur la saisine du juge des référés.

Qualité de l’alimentation

La loi doit également permettre à chacun d’accéder à une alimentation saine, sûre et durable. Sans grande surprise l’Assemblée a adopté le principe d’un objectif d’au moins 50% de produits bio ou intégrant la préservation environnementale, au plus tard en 2022. Les menus végétariens ont fait l’objet de vifs débats entre les députés, mais les amendements les proposant ont été repoussés. Les députés ont, en revanche, voté pour l’interdiction de l’utilisation d’eau plate en bouteilles plastiques dans les cantines scolaires en 2020. Des changements concernant l’étiquetage des aliments ont été votés.

Un amendement visant à enrichir les informations fournies au consommateur a été adopté. Les nouvelles informations qui devraient être fournies sont les suivantes : “Nourris aux OGM”, “Mode d’élevage” et “Origine géographique”, pour les produits issus de l’élevage, “Nombre de traitements par des produits phytosanitaires”, pour les fruits et légumes frais.

L’Assemblée a également voté pour un amendement visant à renforcer l’affichage de l’origine géographique du vin. Elle a, en revanche, réfuté les amendements qui avaient pour objectif d’inscrire dans la loi, l’interdiction de la publicité pour les aliments gras, salés ou sucrés, visant les enfants, et à rendre le Nutri-score obligatoire.

Utilisation de produits phytosanitaires

La loi traduit la volonté du gouvernement «de porter une politique alimentaire respectueuse de la santé et de l’environnement». Dans ce cadre, les articles 14 et 15, qui ont été adoptés par les députés, introduisent des changements dans la commercialisation des produits phytosanitaires. Ainsi, les activités de ventes et de conseil seront séparées et les remises interdites lors de la vente des produits phytosanitaires.

Aucun amendement visant à interdire le glyphosate n’a été adopté. L’article 14 septies, qui a été adopté, élargit la notion de néonicotinoïdes à toutes les substances «ayant des modes d’action identiques», à l’exception de quelques produits de biocontrôle définis par la loi.

Les députés ont voté pour l’expérimentation de l’épandage par drone, ils ont même approuvé un amendement pour élargir cette expérimentation à toutes les cultures et non seulement à la vigne. Elle reste cependant réservée aux surfaces présentant une pente égale ou supérieure à 30%. Les députés ont réfuté les amendements visant à interdire l’importation de denrées alimentaires contenant des résidus de produits phytosanitaires proscrits dans l’Union Européenne.
Ils ont adopté l’article 14 ter, qui permet la reconnaissance des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP), substances naturelles autorisées après évaluation simplifiée des risques par l’Anses.

Modes d’élevage

Des mesures ont également été votées concernant les modes d’élevage. L’article 15 renforce le pouvoir d’enquête et de contrôle des agents chargés de la protection de la santé, de la protection animale et de la sécurité sanitaire des aliments. Le délit de maltraitance animale est étendu et les peines doublées.

Les députés ont renoncé à voter en faveur de l’interdiction, d’ici 2022, de la vente des œufs en batterie aux consommateurs. Ils ont cependant approuvé, un amendement visant à interdire la construction de nouveaux bâtiments de poules pondeuses en cage.

Ils se sont prononcés en faveur de l’expérimentation de la vidéosurveillance dans les abattoirs volontaires. Les vidéos seront consultables en interne, à des fins d’autocontrôle, et par les services vétérinaires. Les lanceurs d’alerte seront protégés.

De nombreux amendements concernant le bien-être animal ont été rejetés lors de l’examen. De plus, les députés ont rejeté un amendement visant à limiter la portée de l’article du projet de loi, qui étend aux associations de défense de la protection des animaux le droit de se porter civiles pour des infractions du Code rural.

 

 

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