Publié le 11/12/2018 à 15h02 /

La France, leader mondial de la production de semences végétales

// Premier exportateur mondial de semences, leader européen de l’inscription de nouvelles variétés, 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, un maillage territorial important… La France est incontestablement la championne du monde de la semence végétale. Pourtant, les freins, notamment réglementaires, ne manquent pas et ils pourraient fragiliser la position de la France sur le podium.

La filière française des semences végétales génère 12.000 emplois et 3,3 milliards de chiffre d’affaires.

«Vous êtes assis avec des champions du monde. La sélection nationale des semences française est une équipe expérimentée avec de très bons résultats, mais qui n’a pas le soutien plein et entier de ses concitoyens». C’est par ces mots que Guillaume Duboin, ancien directeur général adjoint d’Arterris, a accueilli les 200 personnes venues assister à la conférence de clôture de l’assemblée générale de l’UFS (Union française des semenciers), en novembre dernier.

La filière semencière française génère 3,3 milliards d’euros de chiffre. Avec 50% de sa production vendue dans le monde entier, la France est le premier exportateur mondial du secteur. Mais pour conserver cette position, il faut, selon Jean-Marc Bouvier, directeur semences, légumes, investissements d’Arterris, être offensif. «Le secteur semences est brillant, et il faut l’être pour être le champion du monde en dépit des handicaps exceptionnels que nous avons en France», ajoute-t-il.

En plus de ces bons résultats économiques, il faut ajouter au palmarès de la filière les 12.000 salariés répartis sur l’ensemble du territoire et dans des entreprises de tailles variées. Elle participe donc à un maillage territorial important. Cela fait dire à Jean-Louis Chauzy, président du CESER Occitanie, que les semences sont, ainsi, une affaire de ruralité et de terroir.

Par ailleurs, le modèle agricole français d’exploitations agricoles de taille familiale a, également, permis d’avoir un haut niveau de technicité. «La France est leader dans le monde, car la qualité du flux génétique est excellente», précise François-Xavier Masson, chargé d’affaires au sein de la direction des investissements et du développement d’Unigrains.

«Un écosystème inédit et favorable»

La France possède un autre atout avec son contexte pédoclimatique favorable à la recherche et au développement de semences. Pour Basil de Bary, directeur général de Sakata Vegetables Europe, entreprise japonaise implantée en France depuis plus de 20 ans, il s’agit, avec le crédit d’impôt recherche, d’un argument majeur qui pousse les entreprises étrangères à investir et à s’installer en France. La formation et le haut niveau de compétence des Français, ainsi que les organismes publics qui sont des relais pour la recherche, constituent un écosystème favorable et inédit pour les entreprises semencières françaises et internationales.

La France est également leader dans la recherche avec 71 entreprises qui sélectionnent plus de 70 espèces, 131 centres de recherche, et 600 nouvelles variétés inscrites au catalogue national. La France est aussi championne dans l’inscription de semences au catalogue européen. Cependant, des freins, notamment réglementaires pourraient entacher la réputation et la position de la France. «Les évolutions réglementaires tendent à faire perdre de la compétitivité à la filière», se désole Franck Berger, président de l’UFS.

Première inquiétude pour la filière, la loi issue des États généraux de l’alimentation et notamment l’article 83 qui interdit «à compter du 1er janvier 2022 la production, le stockage et la circulation de phytos contenant des substances actives non approuvées». L’UFS estime que cette mesure pourrait entraîner une perte de chiffre d’affaires de 450 M€, à compter de janvier 2022 pour les semences traitées. Face à l’incompréhension des semenciers vis-à-vis de cette mesure, Alain Tridon, de la sous-direction qualité santé et protection des végétaux à la DGAL, a rappelé que cette mesure ne figurait pas dans le projet de loi présenté par le gouvernement.

Mutagenèse : Un arrêté européen qui fragilise la filière

Pour le président de l’UFS, l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne sur la mutagenèse risque de bloquer la recherche en édition de génome et donc peser sur la filière française. Cette décision des juges indique que les produits issus des nouvelles techniques de mutagenèse répondent à la définition européenne des OGM et doivent être encadrés comme tels, en respectant les obligations correspondantes en matières d’évaluation avant autorisation, de traçabilité, d’étiquetage des produits et de surveillance.

Lire également : La recherche variétale encore plus démunie après l’arrêt de la CJUE

Seules les techniques traditionnelles de mutagenèse développées antérieurement à l’adoption de la directive n° 2001/18 sur les OGM sont exclues de son champ d’application, ainsi que le prévoit explicitement la directive. Alain Tridon estime que cet arrêté manque de clarté, il a aussi noté le besoin de visibilité de la filière.

Malgré ces freins, les entreprises semencières s’adaptent au nouveau contexte de consommation. Elles jouent notamment un rôle pour permettre aux agriculteurs d’avoir des productions rémunératrices, mais aussi pour atteindre l’autonomie protéique. Pour Denis David, directeur général de Joufray-Drillaud, le lupin, par exemple, va prendre une place majeure dans l’autonomie protéique de la France et des exploitations. En conclusion, le président de l’UFS a assuré que les entreprises des semences étaient engagées dans les transitions écologique et alimentaire pour répondre aux attentes sociétales. «Le secteur des semences à un rôle majeur pour permettre à l’agriculture de répondre aux attentes sociétales», confirme Alain Tridon.

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