Publié le 23/01/2019 à 17h23 /

Il y a 10 ans, Klaus dévastait le Sud-Ouest

// Il est 5 heures du matin, ce samedi 24 janvier 2009, quand des vents d’une rare violence frappent la côte landaise et commencent à balayer tout sur leur passage. En quelques heures, la tempête avait abattu 60% des pins maritimes, 90% des abris à canards et 30% de l’outil de production des volailles de chair dans les Landes. Dix ans après, le traumatisme reste encore présent dans les filières de volailles de chair et de palmipèdes et de la forêt landaise.

En quelques heures, la tempête avait détruit 60 % des pins maritimes, 90 % des abris à canards et 30 % de l’outil de production des volailles de chair.

«Il faut le voir pour croire. Il n’y a pas de mot…» Cinq jours après le passage de la tempête Klaus qui a ravagé une grande partie du Sud de la France, le samedi 24 janvier 2009, Jean-Michel Lemétayer, est abasourdi par le spectacle qui s’offre à lui. Venu spécialement dans les Landes, dont l’agriculture et la forêt ont été les principales victimes de ce cyclone extra-tropical de type “bombe”, le président de la FNSEA de l’époque est venu exprimer le soutien de la profession et mesurer l’ampleur des dégâts.

Un chaos indescriptible

«Les mots — et même les photos — semblaient, effectivement, bien futiles pour illustrer l’ampleur des dégâts» écrivions-nous dans le Sillon du 30 janvier 2009. Forêts, et bâtiments d’élevages ont subi des dommages considérables. Le coût total de cette catastrophe est évalué à 1,2 milliard d’euros pour la France. Rien que dans les Landes, on comptabilise 400.000 volailles et palmipèdes morts et 30% de l’outil de production en volailles ont volé en éclat ou sont réduits à des amas de tôles et de poutres, 300 travées de pivots d’irrigation détruites…

Tout juste remises des tempêtes Lothar et Martin qui avaient frappé la France 9 ans plus tôt (26, 27 et 28 décembre 1999), les Landes de Gascogne payent, à nouveau, un très lourd tribut. 60% des pins maritimes sont déracinés, voire sectionnés et réduits à l’état de moignons. L’Inventaire forestier national chiffre à 39 millions de mètres cubes le volume de bois abattus contre 32 en 1999. Klaus a ainsi mis à terre quatre fois la récolte annuelle de bois.

Communications coupées

Au soir de ce samedi d’apocalypse, plus d’1,7 million de foyers du Sud de la France sont privés d’électricité, dont près de la moitié uniquement en Aquitaine. Quinze jours après, particulièrement dans les Landes, des foyers sont toujours sans électricité. Le réseau téléphonique fixe a fortement souffert, puisque 400.000 lignes sont coupées. Quant au réseau mobile, il fonctionne… tant que les batteries de secours des émetteurs et celles des téléphones tiennent le coup !

Dans les heures qui ont suivi la tempête, il a fallu parer au plus pressé en commençant par l’évacuation des milliers d’arbres, poteaux électriques et téléphoniques qui obstruent les routes et chemins. Très vite, EDF et France télécom ont mobilisé des milliers d’agents pour parer au plus pressé et rétablir, tant bien que mal, les liaisons. Militaires et Sécurité civile viennent en renfort. De même, la solidarité professionnelle n’a pas fait défaut. Le réseau FNSEA/JA de toute la France s’est mobilisé. Prêts de groupes électrogènes, adhérents venus donner main-forte pour déblayer et reconstruire les marensines et autres bâtiments avicoles.

Des filières traumatisées

Les filières les plus touchées par la tempête Klaus sont celles des palmipèdes à foie gras et des volailles de chair. Ont été détruits 1.200 abris d’élevage de canards (90% du parc), 33.000 places de salles de gavage et 20.000 places en canetonnières. S’y ajoute la mortalité de 130.000 canards. Pour les poulets, on déplore 650 cabanes détruites et 290.000 animaux morts.

Ensuite, est venu le temps de la reconstruction qui durera plusieurs mois. Un «pari XXL», dira à l’époque Dominique Graciet, le président de la chambre d’agriculture des Landes. «On va reconstruire, rebâtir, replanter pour que l’agriculture régionale puisse continuer de vivre», s’engagera Jean-Michel Lemétayer. «Je garde la conviction qu’en agriculture, on ne baisse pas les bras», poursuivait l’ancien président de la FNSEA aujourd’hui disparu. Dix ans plus tard, les faits lui ont donné raison.

Benoît Lalanne

Une tempête de type “bombe”

Dès le 22 janvier 2009, une profonde dépression apparaît sur les radars des satellites de Méteosat. Au cours des heures suivantes, Klaus devient ce que les météorologistes nomment un cyclone extra-tropical de type “bombe”. Ce phénomène météorologique est 2 à 3 fois moins puissant qu’un cyclone tropical et survient principalement en hiver contrairement aux cyclones tropicaux qui se produisent en fin d’été ou en automne.

 

Des vents à 172 km/h à Biscarrosse

Dès le vendredi 23 janvier 2009, les premières rafales de Klaus touchent le littoral du Nord de l’Espagne. Dans la soirée, des bourrasques de 198 km/h sont relevées au cap Estaca de Bares, en Galice. L’Agence d’état de la météorologie espagnole (Aemet) place en alerte rouge les provinces de La Corogne, Lugo, Asturies, Cantabrie, Biscaye, Guipuscoa et Alava.
Dans la foulée, le niveau d’alerte 4 (rouge) est déclenché par Météo France pour neuf départements (Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Gers, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Aude et Pyrénées-Orientales).
Des rafales de 136 km/h sont enregistrées à Biarritz, 141 km/h à Mont-de-Marsan, 161 km/h à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac et 172 km/h à Biscarrosse. Après avoir traversé la région Midi-Pyrénées, Klaus reprend de la vigueur à l’approche de la Méditerranée. Des vents à 184 km/h sont constatés à Perpignan, mais le record absolu de la tempête sera enregistré au col d’Envalira, en Andorre, avec 216 km/h.

 

Douze victimes françaises

Klaus causera la mort de 31 personnes sur son passage. 15 en Espagne, 4 en Italie, et 12 en France dont 4 dans les Landes (deux causés par les chutes d’arbres, un consécutif à un malaise). En Gironde, deux personnes sous respiration artificielle et une dans les Landes sont décédées suite aux coupures d’électricité. Dans les Pyrénées-Atlantiques et le Gers, deux personnes font une chute mortelle de leur toit. Enfin, 4 personnes (deux en Dordogne et deux dans les Pyrénées-Orientales) sont mortes suite à l’émanation de monoxyde de carbone.

 

 Connexion à l'espace Abonné

Nom d'utilisateur: et mot de passe requis
Mot de passe oublié ? ×