Publié le 14/05/2019 à 09h43 /

Le monastère de Saint-Mont, temple de l’œnotourisme

// Perché sur son éperon rocheux dominant l’Adour, face aux Pyrénées, le monastère de Saint-Mont, dans le Gers, est un lieu chargé d’Histoire. L’Union des Producteurs Plaimont veut faire de ce site patrimonial d’exception le haut lieu de son offre œnotouristique régionale.

L’Union des Producteurs Plaimont veut faire du monastère de Saint-Mont le haut lieu de son offre œnotouristique régionale.

C’est sur les vestiges d’un site ecclésiastique occupé au IXe siècle par des seigneurs après les invasions barbares qu’est fondé au médian du XIe siècle le monastère de Saint-Mont. Une nuit de cauchemar, Raymond de Saint-Mont, seigneur du village, rêve qu’il est transpercé de flèches lancées du ciel. Épouvanté, il y voit un funeste présage et fait vœu de bâtir un monastère et de s’y faire moine. Après avoir consacré une part de son patrimoine personnel, il obtient le renfort du vicomte de Corneilhan et du puissant comte de Gascogne et d’Armagnac, Bernard II Tumapaler, pour l’aider à accomplir cette œuvre considérable.

Une histoire mouvementée

En 1055, le monastère dédié à Saint-Jean est fondé et, au moment de tenir compagnie aux douze autres moines et d’être tondu, Raymond de Saint-Mont fait faux bond. À son retour quelques années plus tard, il officie comme prieur d’un site religieux où les locataires ont pris l’habitude de vivre dans un certain relâchement. Le comte d’Armagnac voit rouge, chasse les moines et fait venir en 1060 des bénédictins de l’abbaye de Cluny faisant de Saint-Mont l’un des premiers sites à adopter la réforme clunisienne. Le monastère est alors la référence en Gascogne, accueille dans ses murs conciles provinciaux, synodes diocésains et assemblées diverses, ce qui déplaît fortement à l’archevêque d’Auch.

Les années passent, l’abbaye devient prieuré puis, sous l’autorité du Saint-Siège, sauveté, où les errants ont gîte et couverts assurés durant 3 jours par les religieux. Les Bourguignons apportent leur savoir-faire en viticulture, le vin navigue sur l’Adour vers Bayonne ou vers la montagne en échange de bois. Le prieuré s’enrichit de dons et de legs, étend son influence jusqu’à posséder de nombreuses églises et domaines fonciers.

Au milieu du XVIe siècle, les Guerres de religion font rage dans la région. À la tête d’une armée huguenote, Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, pille et brûle tout ce qui est catholique. Saint-Mont résiste mais doit succomber avant de voir village et église attenante au monastère détruits par le feu. Vingt-cinq moines refusant de renier leur conviction catholique sont égorgés et jetés dans le puits du cloître.

Le monastère devenu vétuste et délabré, les moines reconstruisent les bâtiments actuels de 1761 à 1769, seule la cave voûtée du XVe siècle subsistant du précédent édifice. Dans ce nouveau bâtiment à la judicieuse architecture, la lumière pénètre généreusement, l’escalier est en marches lentes, basses et profondes, pour éviter de se prendre les pieds dans la robe, et, note de modernisme pour l’époque, il dispose de trois latrines par niveau. Entre labeur, prières et psaumes, les journées des moines s’écoulent sereinement jusqu’à la dissolution de l’ordre de Cluny en 1788.

Classé Monument historique depuis 1997

En 1791, pendant la Révolution il est vendu comme bien national à Jean-Jacques de Corneillan qui l’habite et restitue la chapelle qui est l’église paroissiale. Le monastère devient château et restera dans la famille jusqu’en 1967. Les descendants par alliance et les héritiers cherchent à le vendre, ne trouvent pas acquéreurs, si bien que le bâtiment se délabre peu à peu. En 1995 il est acheté par Stéphane Lissner, directeur de théâtres, dont la Scala de Milan et le Théâtre national de Paris. Il le fait restaurer dans les règles de l’art, et en 1997, le monastère, déjà inscrit à l’Inventaire supplémentaire depuis 1947, est classé Monument historique.

En 2005, il est vendu à Jean-Claude Paris et à la journaliste Françoise Laborde, qui a des racines familiales à Saint-Mont. En 2016, le groupe Plaimont Producteurs et quelques autres partenaires font l’acquisition du site. À l’issue d’un conséquent chantier de rénovation, est créé un hôtel-restaurant de onze chambres, avec espace détente et remise en forme qui feront de ce site remarquable le haut lieu de l’offre œnotouristique régionale de Plaimont.
Gilbert Delahaye

1. Impulsée par l’abbaye de Cluny en Bourgogne, cette réforme enlève, entre autres, la nomination des abbés aux grands seigneurs laïcs et place les abbayes sous l’autorité directe de la papauté.

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