Publié le 14/01/2020 à 16h40 /

L’inquiétante baisse des effectifs de bovins viande

// Plus de 150.000 vaches allaitantes en moins, en trois ans. Les cessations d’activité des éleveurs très âgés n’expliquent pas à elles seules ce recul de 4 % du cheptel français. Il est multifactoriel.

Deux fois plus d’ateliers disparaissent chaque année depuis trois ans, note l’Idele. À l’échelle nationale, le nombre d’installations de jeunes producteurs et de créations d’ateliers ne parvient pas à compenser le nombre d’arrêt.

Un des thèmes traités lors de la sixième édition du Grand angle viande 2019 de l’Institut de l’élevage (Idele), le 5 décembre dernier, portait sur «les dynamiques allaitantes à l’œuvre dans les régions françaises.» Et pour le moins qu’on puisse dire, ces dynamiques sont très contrastées… En Lozère, le département compte chaque année deux élevages supplémentaires de vaches allaitantes. En conséquence, leur effectif a crû de 15% depuis 2008. Dans le sud du Massif central, le nombre de vaches allaitantes se maintient. Mais en Vendée, moins de vaches allaitantes sont élevées et 64 ateliers disparaissent (- 2,3% par an). La taille des troupeaux restants ne croît plus comme par le passé.

À l’échelle nationale, deux fois plus d’ateliers disparaissent chaque année depuis trois ans, constate l’Idele. L’an passé, plus de 3.100 ateliers ont fermé, alors que seuls 1.200 ont été créés. Ce déséquilibre important affecte inéluctablement le cheptel de vaches allaitantes. Seuls 3,9 millions de vaches sont élevés, soit 151.000 bêtes de moins qu’en 2016. Les effectifs sont dorénavant inférieurs de 7% à leur niveau de l’an 2000.

Certes, l’élevage de bovins viande est en constante restructuration avec des ateliers moins nombreux (- 15.000 en 20 ans environ). Le nombre d’élevages de plus de 20 vaches allaitantes s’érode continûment : 740 ateliers en moins par an jusqu’en 2015. Mais depuis, le mouvement s’est accéléré. En 2018, on ne dénombrait plus que 58.000 détenteurs contre 68.000 en 2008.

Facteur démographique amplifié

La combinaison de plusieurs facteurs explique ce phénomène d’érosion, surprenant par son ampleur alors que la filière n’est pas particulièrement en crise. Tout d’abord, l’élevage allaitant serait en concurrence avec d’autres activités moins contraignantes et plus rentables. En Vendée, notamment, les éleveurs ne manquent pas d’opportunités pour changer d’orientation. Ainsi, des polyculteurs-éleveurs abandonnent l’élevage pour devenir agriculteurs pluriactifs, tandis que d’autres préfèrent se spécialiser en grandes cultures. Autre facteur de baisse du nombre d’ateliers de bovins viande, la spécialisation des détenteurs de deux troupeaux laitiers et de vaches allaitantes en renonçant à une de leur production.

Mais surtout, aucun éleveur en activité n’a été épargné par les dérèglements climatiques. Ils ont affecté autant la fertilité des vaches (décrochage du nombre de naissances de veaux de trois points par rapport aux effectifs de vaches allaitantes) que leur affourragement. Si bien que des éleveurs ont vendu les bêtes qu’ils ne pouvaient pas nourrir sans les avoir remplacées. Par ailleurs, de plus en plus de producteurs ont renforcé l’autonomie fourragère de leur exploitation aux dépens de l’effectif de leur troupeau.

Combinés, tous ces facteurs climatiques et sociologiques amplifient la baisse du nombre d’ateliers en activité, liée à des facteurs démographiques. Une grande majorité du troupeau de vaches allaitantes est détenue par des producteurs de plus de 50 ans (49% du cheptel dans les mains des 50-60 ans). Et même si de nombreux éleveurs prolongent leur carrière au-delà de l’âge de 62 ans, le nombre d’installations de jeunes producteurs et de créations d’ateliers est stable, ne parvenant pas à combler le déficit. Et la dimension de leur troupeau ne parvient plus à compenser, à l’échelle nationale, la baisse des effectifs de vaches allaitantes.

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