Publié le 25/03/2020 à 10h39 /

Les premières répercussions sont déjà perceptibles dans les filières animales

// La crise sanitaire du coronavirus se répercute différemment sur les filières selon leur degré d’ouverture à l’international.

© Réussir

Certains éleveurs perçoivent les répercussions de l’épidémie du Covid-19 depuis des semaines, bien avant que la France soit confinée. Les problèmes logistiques accentuent les dysfonctionnements des marchés. Toutefois, la situation étant inédite, il est impossible de savoir si les premières tendances observées sur les marchés agricoles s’inscriront dans la durée ou pas.

Ainsi, la filière porcine française est la première à avoir été touchée par la crise sanitaire. À Plérin, le prix du porc a évolué au gré de la progression de l’épidémie du Covid-19 en Chine et de son expansion d’Asie vers l’Union européenne. Des problèmes logistiques de plus en plus prégnants, créent des tensions sur les marchés avec des lots d’animaux invendus en fin de séance.

Des impacts par ricochet

Dans la filière laitière, après sept mois de hausse, la collecte de lait a enregistré un coup d’arrêt. «La perspective d’une nouvelle crise économique mondiale pourrait dégrader la solvabilité des principaux pays importateurs et par voie de conséquence l’équilibre des marchés mondiaux des produits laitiers», analysait l’Institut de l’élevage (Idele) dans une note de conjoncture parue au début du mois de mars (Tendances Lait Viande N°310- mars2020).

Tous les regards sont rivés sur l’évolution des cours du beurre, de la poudre de lait et des sous-produits laitiers. Déjà, moins de denrées sont importées en Asie. Une forte baisse des prix est redoutée, car la probabilité est forte que les opérateurs, avant de se lancer dans les achats, «tablent sur un excès de disponibilités dans les prochains mois», analyse l’Idele. Par ailleurs, les pays producteurs de pétrole qui se livrent une guerre des prix n’auront bientôt plus les moyens d’importer des produits laitiers si les cours du pétrole restent durablement bas.

Pour les éleveurs, la baisse du prix du lait payé dépendra du mix produit des entreprises auxquelles ils livrent leur lait.

Expectative en bovin viande

Dans les bassins de production de viande bovine, les éleveurs sont dans l’expectative. Des pressions sont parfois exercées sur eux pour qu’ils acceptent de vendre leurs animaux moins chers, alors que la situation ne le justifie pas. Toutefois la crise sanitaire ne sera pas, là encore, sans conséquences, rapporte l’Institut de l’élevage dans sa dernière note de conjoncture.

Or, les enjeux sont importants. La France a exporté en 2018 (derniers chiffres connus) 1,13million de broutards mâles et femelles et 269000 veaux. En Italie, le principal débouché des broutards français (90% des ventes), la crise sanitaire modifie les habitudes alimentaires des consommateurs et par conséquent des achats de viande.

«Les restaurants étant fermés et les familles italiennes devant rester à domicile jusqu’au 3 avril en raison de la fermeture des écoles et des universités, les achats en GMS et en boucherie sont en hausse…» analyse l’Institut de l’élevage dans sa note de conjoncture N°310 de mars2020. «Aussi, la viande polonaise commercialisée principalement en restauration hors domicile, risque de se retrouver bradée ce qui pourrait provoquer une pression générale sur les prix».

Agneau: reprise incertaine

À quelques semaines de Pâques, les professionnels de la filière ovine redoutent une reprise avortée du cours de l’agneau français. «On peut s’attendre à un report de consommation de la RHD vers la GMS, mais ce report va probablement pénaliser la consommation d’agneau qui a lieu essentiellement hors domicile», analyse l’Institut de l’élevage.

Alors que le cours est élevé dans les divers pays producteurs de l’UE, la Nouvelle-Zélande subit une chute d’activité commerciale. La baisse notable de ses exportations vers la Chine (-7%, soit -1600 téc en janvier2020/2019) depuis la pandémie de coronavirus se traduit par un meilleur approvisionnement du marché européen. Ce qui pourrait, là encore, porter préjudice à la valorisation des agneaux français envoyés à l’abattoir.

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