Publié le 06/07/2020 à 12h32 /

La Nouvelle-Aquitaine accélère sur le fonds de garantie agro-environnemental Alter’NA

// Lancé en octobre 2019 par la région Nouvelle-Aquitaine, le fonds de garantie publique pour l’agriculture de demain, Alter’NA, commence à se diffuser auprès des agriculteurs. Alors que les premiers dossiers ont déjà été réalisés, Jean-Pierre Raynaud, vice-président du conseil régional en charge de l’agriculture, tenait ce lundi 29 juin une conférence de presse pour présenter les premiers résultats et la création d’un site internet.

Jonas Hollaar (à droite), producteur de tomates dans le Lot-et-Garonne, a bénéficié du fonds régional Alter’NA pour la création de son éco-serre. © S. D. - Le Sillon

«Au 31 mai, 20,7 millions d’euros ont été consommés sur les 190 millions prévus au minimum sur trois ans dans l’enveloppe principale. Ce sont 65 agriculteurs ou entreprises agroalimentaires qui ont été accompagnés», détaille Jean-Pierre Raynaud. «On en est encore à une phase de lancement, ce chiffre est déjà intéressant. Le site internet www.alter-na.fr va dynamiser les projets et simplifier l’approche de ce fonds», continue l’élu.

Pour l’instant, parmi les 65 dossiers acceptés, 68% concernent l’élevage, 16% les productions végétales, 15% les éco-serres, et 1% la transformation à la ferme et les circuits courts. Les départements les plus en pointes sont les Pyrénées-Atlantiques et la Gironde, qui concentrent respectivement 27% et 20% des dossiers réalisés. Une accélération est attendue avec la mise en place du site.

Encourager la transition

Comment le fonds Alter’NA fonctionne-t-il pour encourager l’agriculture à s’engager dans la transition agri-écologique ? Tout d’abord, c’est un fonds de garantie, doté de 30 millions d’euros apportés par la Nouvelle-Aquitaine et le Feader, et de 6 millions supplémentaires provenant du Fonds Juncker (Fonds européen pour les investissements stratégiques). Cette garantie permet aux agriculteurs d’obtenir plus simplement leurs emprunts.

«Le FEI a servi d’intermédiaire, une fois que l’on a constitué notre fonds, et a présenté le projet à des banques. Trois réseaux ont répondu positivement : Banque Populaire, Crédit Agricole, Crédit Mutuel–CIC. Elles sont prêtes à accueillir de nouveaux projets, car elles sont sécurisées par l’argent public. Quant aux bénéficiaires, ils ont des taux préférentiels et peuvent éviter certaines charges comme l’hypothèque…», décrit Jean-Pierre Raynaud.

Le fonds Alter’NA permet une garantie à hauteur de 80% du prêt. De quoi encourager les banques à aller vers des projets d’investissement jugés initialement trop risqués ou destinés à des exploitations sans historique de crédit. Le bénéficiaire doit, de son côté, proposer un investissement allant dans le sens de la transition agri-environnementale. Jonas Hollaar, dirigeant de l’EARL Tomatec (47), a été le premier signataire d’un prêt Alter’NA.

Nouveaux investissements

Diplômé de l’école d’ingénieur Purpan de Toulouse en 2016, le jeune agriculteur a fait appel au fonds Alter’NA après la reprise de l’exploitation familiale en 2018. «Au-delà du projet de reprise, pour un montant initial de 800.000 euros, j’envisageais aussi de passer à un bilan carbone zéro et, enfin, je projetais la création d’une grande éco-serre», explique ce dernier. Au total, 4 à 5 millions d’euros sont nécessaires pour cette exploitation maraîchère de trois hectares.

Les banques ne souhaitant pas s’engager, le producteur de tomates a commencé par la reprise de l’exploitation. Puis, conseillé par Agri-abri, l’un des points relais d’Alter’NA, il fait appel au fonds. De quoi trouver la solution pour convaincre les banques de financer le projet d’une éco-serre de 8.000 m2. Les avantages : une économie d’énergie et une lutte contre les insectes sans pesticide. Des engagements concrets qui ont permis au dossier d’être éligible aux prêts.

Sylvain Desgroppes

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