Publié le 24/11/2021 à 10h03 /

Le gouvernement annonce 12 M€ supplémentaires par an pour lutter contre le suicide en agriculture

// Pour lutter contre le fléau des suicides en agriculture le gouvernement vient de dévoiler son «plan de prévention du mal-être et l’accompagnement des agriculteurs en difficulté». À la clé, l’extension à tous les départements des comités de pilotage et le déploiement d’un réseau de «Sentinelles» pour repérer les situations de détresse. En outre, le dispositif agriculteurs en difficulté sera doté de moyens supplémentaires et son accès facilité.

Le gouvernement va allouer environ 12 millions d’euros (M€) supplémentaires par an aux «dispositifs d’intervention financière» pour lutter contre le suicide et le mal-être des agriculteurs.

Si le sujet du suicide en agriculture a été longtemps et volontairement ignoré parce que «tabou», il est aujourd’hui un fait de société auquel les pouvoirs publics sont désormais sensibilisés. En effet, plus d’un agriculteur se suicide chaque jour et le monde agricole est davantage confronté que les autres professions au mal-être et à la détresse psychologique.

Il y a deux ans, le film d’Édouard Bergeon, Au nom de la terre, y a fortement contribué en évoquant les difficultés que rencontrent les agriculteurs qui peuvent les conduire à cette issue fatale. Dans la foulée, le gouvernement avait confié à des parlementaires la rédaction d’un rapport sur les voies et moyens d’appréhender cette situation et de proposer des solutions.

«Si beaucoup de choses ont été faites, les résultats ne sont pas encore là, la situation nous y oblige», reconnaît le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, qui a dévoilé la feuille de route du gouvernement, le 22 novembre, en présence d’Olivier Véran, le ministre de la Santé et de Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des Retraites et de la Santé au travail.

Issu des travaux parlementaires ainsi qu’une large consultation avec les organisations agricoles et des structures proches des agriculteurs, ce «plan de prévention du mal-être et l’accompagnement des agriculteurs en difficulté» vise à coordonner et à renforcer les actions déjà mises en œuvre par la MSA depuis 2011. Mais aussi d’aller plus loin.

Trois volets

Le premier volet de ce plan vise à humaniser les rapports aux agriculteurs en difficulté et à être à l’écoute de chaque cas personnel. Dans tous les départements, des comités de pilotage seront déployés d’ici la fin 2022. Ils associeront les services de l’État, les élus locaux, les organisations professionnelles agricoles, les associations, vétérinaires… Bref toutes les structures qui sont en contact avec les agriculteurs.

L’idée est d’avoir une approche plus transversale du traitement des dossiers. «Nous sommes trop organisés en silos», observe Julien Denormandie qui déplore le cloisonnement des différentes administrations qui fonctionnent sans réelle concertation pour traiter des dossiers qui leur sont soumis. Ces comités s’appuieront sur des référents locaux issus des Directions départementales des territoires et de la MSA qui seront chargés de la mise en œuvre de ce plan.

Le deuxième volet intitulé «Aller vers» a pour objectif de mieux identifier les personnes en difficulté, «qui ne se manifestent pas spontanément». Ainsi dans le courant 2022, les réseaux de «sentinelles» déjà existants seront déployés. Ces «sentinelles» désignent une série d’acteurs volontaires (élus, agriculteurs, coopératives agricoles, MSA, institutions financières…) proches des agriculteurs et qui sont en mesure de détecter et repérer le plus précocement possible les situations de détresse et de mal-être.

Crédit d’impôt

Enfin le troisième axe du plan gouvernemental porte sur l’accompagnement des agriculteurs et des salariés et de leurs familles, sur les plans économiques et sociaux. Le dispositif départemental d’accompagnement économique des agriculteurs en difficulté (Agridif) déjà en place permet aux exploitations d’accéder à des aides et des audits. La feuille de route prévoit de le renforcer pour permettre aux agriculteurs de prendre du recul par rapport à leur activité.

Ainsi, il a été décidé une simplification des démarches et un assouplissement des conditions d’accès. L’enveloppe déjà prévue à cet effet sera doublée et portée de 3,5 à 7 millions d’euros. Le crédit d’impôt pour remplacement en cas de maladie ou d’accident du travail qui permet à un agriculteur de recourir à un employé agricole sera prolongé et porté à 60% des charges générales (contre 50%) à partir de 2022. Quant au budget de l’aide au répit en cas d’épuisement pour se faire remplacer sur l’exploitation, il est déjà passé de 3,5 à 5 millions d’euros en 2021.

 Connexion à l'espace Abonné

Nom d'utilisateur: et mot de passe requis
Mot de passe oublié ? ×