Publié le 14/12/2021 à 15h16 /

Recensement : la Nouvelle-Aquitaine reste la première agricole de France

// Le ministère de l’Agriculture a dévoilé le 10 décembre dernier les résultats du recensement agricole pour l’année 2020. La Région, comme le reste de l’Hexagone, n’échappe aux mêmes tendances enregistrées depuis 20 ans : agrandissements des structures, baisse du nombre d’exploitations beaucoup plus prononcée en élevage qu’en grandes cultures et la part de la main-d’œuvre salariée en progression constante.

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a présenté le 10 décembre, lors d’une conférence de presse les résultats provisoires du recensement agricole lancé le 1er octobre 2020 et qui s’est achevé le 15 mai dernier.

Le titre de première région agricole de France se maintient pour la Nouvelle-Aquitaine. Avec 64.100 exploitations en 2020, la région représente 15% des exploitations françaises et la plus grosse surface agricole utile (SAU) de l’Hexagone. Elle est aussi la première surface forestière de France. Ce sont quelques chiffres présentés au lycée agroviticole de Blanquefort, en Gironde, par le directeur régional du service statistique de la Draaf (direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), Pierre Etchessahar, lors du dévoilement des premiers résultats du recensement agricole 2020, la semaine dernière.

Pierre Etchessahar en profitait pour confirmer que la Nouvelle-Aquitaine est une région agricole très diversifiée, qui accueille tous les types d’agriculture : «Toutes les productions françaises existent dans la région. C’est une mosaïque avec des spécificités très fortes par département : viticulture en Gironde, céréales dans les départements de l’ex-Charentes-Poitou, maïs et forêt dans les Landes, élevage en Limousin ou dans les Pyrénées-Atlantiques…» Seule production qui n’est pas dans les mêmes proportions que pour la ferme France : le lait qui est réduit, aujourd’hui, à la portion congrue.

La concentration se poursuit

«Un recensement complet qui confirme la tendance enregistrée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : tous les 10 ans, on perd 20% des exploitations agricoles en France, avance Pierre Etchessahar. Au niveau national, on a perdu 100.000 exploitations. En Nouvelle-Aquitaine, 19.000 exploitations ont ainsi disparu.» Néanmoins, ce rythme de diminution des exploitations se tasse, explique le directeur régional du service statistique de la Draaf. «On perdait environ 3,2% des exploitations par an entre 1988 et 2000, 2,8% entre 2000 et 2010 et 2,6% entre 2010 et 2020.»

La SAU des exploitations agricoles en Nouvelle-Aquitaine reste stable et le nombre de salariés augmente (111.500 équivalents temps plein, saisonniers compris). «C’est une tendance lourde qui ne se dément pas, souligne Pierre Etchessahar. En moyenne, la surface des exploitations a augmenté de 43 ha en 50 ans. Leur taille a triplé. Un exploitant qui avait vingt ans en 1970 et qui part à la retraite aujourd’hui aura, en moyenne, acheté trois exploitations voisines. En 2020, par rapport à 2010, les exploitations néo-aquitaines ont grandi de 13 ha pour une moyenne de 60 ha par exploitation.» Une extension très marquée pour les éleveurs (+36% en moyenne contre +21% pour les céréaliers).

Le maraîchage se développe

Autre élément présenté par la Draaf, «l’ex-région Poitou-Charentes se désertifie peu à peu. Les exploitations ovines disparaissent comme toutes les exploitations qui demandent beaucoup de travail (bovins lait et porcins). Le maraîchage est la seule filière qui ne perd pas d’exploitations.» Elle en a même gagné 600 en dix ans. Reste que les exploitations qui disparaissent sont plutôt les micro et petites exploitations (entre moins de 25.000 et moins de 50.000€ de chiffre d’affaires). Pierre Etchessahar précise : «Ce sont les exploitations qui ne permettent pas de vivre à leur chef d’exploitations.» La majeure partie du temps, il s’agit de quelques hectares conservés par des retraités ou des terres reçues en héritage par un pluri-actif. Même si ce n’est pas la surface qui est prise en compte pour la taille des exploitations mais bien le chiffre d’affaires. «Seule exception au niveau de la taille des exploitations : le maraîchage encore. À côté des grandes exploitations (plus de 250.000€ de chiffre d’affaires), on compte de petites exploitations avec peu d’hectares (moins de dix) en maraîchage bio qui permettent de faire vivre une famille.» Et le directeur régional de la statistique de souligner : «Aujourd’hui, nous sommes à un tournant.»

L’agriculture néo-aquitaine compte beaucoup de production sous signes officiels de qualité : fromages et beurre, vins, volailles, bovins, agneaux… «Le nombre d’exploitations sous signes de qualité est passé de 30 à 35%. 97% des vins produits dans la région sont sous signes de qualité, 54% des porcs et des volailles, 42% des fruits… Produire sous signes de qualité augmente le besoin de main-d’œuvre. Comme pour les maraîchers qui ont aujourd’hui les mêmes besoins de main-d’œuvre que leurs grands-parents.»

Les circuits courts accélèrent

Concernant l’agriculture biologique, Pierre Etchessahar souligne son impressionnante expansion en Nouvelle-Aquitaine : «On a multiplié par quatre le nombre d’exploitations en dix ans (de 3 à 11%). Mais on devrait observer un ralentissement des conversions d’ici deux à trois ans. Pour la première année, on assiste au plafonnement de la demande en bio. Et on observe une croissance à zéro ou négative pour le lait et les œufs alors qu’avant la croissance était à deux chiffres.»

Autre tendance observée par les statisticiens, celle de l’expansion des circuits courts, notamment pour le marché urbain. «Entre 2010 et 2020, on est passé de 17 à 22%. Le développement est ininterrompu, notamment pour la vente de viande à la ferme. Le confinement a accéléré cette croissance qui s’est maintenue par la suite.» Quant aux installations, on en compte en moyenne 500 aidées et 500 non-aidées par an. Les plus nombreuses sont dans les Deux-Sèvres et les Pyrénées-Atlantiques. Les hors-cadre familial représentent aujourd’hui 50% des installations contre 25% il y a 5 ans. Malgré les difficultés, malgré les crises et la conjoncture incertaine, l’agriculture attire toujours.

Myriam Robert

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