Publié le 31/01/2022 à 17h44 /

Des milliers d’agriculteurs défilent dans les rues de Madrid

// C’est toute la société rurale qui manifestait ce dimanche 23 janvier à Madrid, pour «dénoncer les menaces continues subies par le secteur et la fragilisation du monde rural.»

Tracteurs et cavaliers en tête, des milliers d’agriculteurs et d’éleveurs ont manifesté le 23 janvier à Madrid pour alerter sur les difficultés, notamment économiques, éprouvées par le monde rural.

La crise qui touche l’agriculture espagnole n’est guère différente de celle qui affecte l’agriculture française… Depuis plusieurs mois, les agriculteurs font part de leur désarroi face à la montée des coûts de production, des intrants et de l’énergie, avec des prix à la production qui ne suivent pas.

Les producteurs de lait sont particulièrement touchés, avec un prix comparable à celui que nous connaissons en France, et réclament l’application de la loi espagnole dite de la “chaîne alimentaire” qui permet, en principe, de garantir des prix justes, à l’instar de la loi Egalim 2. Une situation tout aussi invivable pour le secteur de la pêche, lui aussi durement affecté. Se rajoute l’augmentation du SMIG en février 2020, et donc les surcoûts de salariés, sans aucune contrepartie.

À l’Europe, ils demandent une meilleure défense de l’agriculture familiale et une meilleure protection des produits européens contre les importations. Mettant en cause l’accord Mercosur, ils réclament l’arrêt des importations de pays tiers lorsque les règles de protection du travail ou de l’environnement ne sont pas comparables aux normes de l’UE.

De la Galice à la Cantabrie en passant par les Asturies, l’exaspération contre les attaques de loup est toujours aussi vive. Des pertes estimées à plus de 20.000 brebis par an selon le porte-parole galicien. Ils demandent que le statut de protection du loup évolue et exigent un plan de gestion durable de l’espèce.

Sentiment de mal-être

Mais le mal-être dépasse largement la profession agricole. L’ALMA (Association pour le développement et la défense du monde rural), une plateforme créée récemment, agglomère tous les ressentiments de cette société rurale laissée pour compte, stigmatisée par les injonctions sociétales omniprésentes dans les médias, exacerbées aussi par les propos parfois maladroits de certains ministres. À la désertification et à la raréfaction des services viennent se rajouter de nouvelles contraintes et réglementations ou des projets gouvernementaux.

L’élaboration d’un projet de loi sur la protection et les droits des animaux cristallise les craintes des éleveurs, mais aussi de l’ensemble du secteur des animaux de compagnie et des animaux de combat. Les membres de l’ALMA considèrent que ce projet a été préparé «à l’insu et sans la moindre participation des secteurs professionnels.» D’autres réglementations environnementales inquiètent les agriculteurs, sur l’utilisation des lisiers et purins.

Ce premier rassemblement a réuni 6.000 manifestants selon la police, le double selon les organisations agricoles (ASAJA, COAG et UPA). En collaboration avec la fédération royale de chasse, elles appellent d’ores et déjà à une nouvelle manifestation unitaire le 20 mars à Madrid. Avec en arrière plan, un choix de société qui nous concerne tous.

Jean-Marc Arranz

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