Blé ou maïs, la France n’a plus grand-chose à vendre
// Pour répondre à la demande de ses voisins européens et méditerranéens, après la fermeture des marchés russes et ukrainiens, l’Hexagone tape dans ses stocks.
Depuis que le commerce des grains est fermé à la Russie et à l’Ukraine, six pays exportateurs majeurs sont encore en activité. Mais seule l’Union européenne a un accès direct sur la Mer Noire et sur la mer Méditerranée, à proximité des principaux pays importateurs de céréales de la planète.
En Europe de l’ouest, la France excédentaire en blé, en orges et en maïs, s’impose sur le marché européen et méditerranéen en exportant, d’ici la fin de la campagne, davantage de grains qu’escompté il y a encore un mois. Mais ses moyens sont limités. Selon FranceAgriMer (FAM), seules 800000 tonnes de blé seraient encore disponibles à l’export. À la fin du mois de juin, la France en aurait alors exporté à 9,7 Mt.
Pour le maïs, la situation est plus compliquée: l’Europe est déficitaire à l’Ouest mais excédentaire à l’Est. Aussi, elle importe 15 Mt de maïs tout en exportant 6 Mt depuis la Bulgarie et la Roumanie, selon FAM. Seul pays occidental producteur excédentaire en maïs (4,83 Mt devraient être exportées en 2021-2022) la France dispose de stocks limités. Elle ne pourra vendre à ses voisins immédiats que 220000 tonnes supplémentaires. Si bien que l’Espagne, les Pays-Bas et l’Italie vont être contraints de s’approvisionner, dans la mesure du possible, en Roumanie et en Bulgarie, ou outre-Atlantique.
Reconquête des marchés
À la fin du mois de juin prochain, notre pays devrait finir la campagne fragilisé avec des stocks de céréales réduits de près de 720000 tonnes par rapport aux prévisions. Mais en ayant répondu à des appels d’offres passés dans l’urgence par des pays importateurs (Algérie, Égypte ou Liban notamment, très dépendants de la Russie et de l’Ukraine), la France aura reconquis des parts de marché perdues les campagnes passées. Un atout pour la prochaine campagne 2022-2023.
Toutefois celle-ci s’annonce déjà très compliquée avec des coûts de production très élevés (+200 à 250€/ha de blé en France). Par ailleurs, la prochaine récolte de blé et d’orge russe sera-t-elle exportable ou boycottée? Or le pays en produit chaque année entre 75 à 85 Mt de blé et en exporte entre 34 et 38 Mt!
Et en Ukraine, récoltera-t-on des céréales l’été prochain? En attendant, les agriculteurs ukrainiens et leurs salariés ne se sont pas joints à la masse de réfugiés qui ont fui leur ville et village pour échapper à l’armée russe. Ils n’ont pas non plus été mobilisés. Mais ils seront confrontés à des problèmes de sécurité et de logistique qui les empêcheront de cultiver leurs champs quand ces derniers ne sont pas devenus des champs de bataille.