Publié le 07/04/2022 à 14h46 /

Les vignobles landais à nouveau frappés par le gel

// Comme l’an dernier, trois nuits consécutives de gelées ont infligé de lourdes pertes dans les vignes landaises. Un nouveau coup dur pour les vignerons landais qui comptaient sur la prochaine récolte pour effacer la mauvaise année 2021.

Les dégâts du gel devraient être variables selon les cépages, les plus précoces présentant déjà quelques feuilles étalées, tandis que d’autres sont à peine en phase de gonflement des bourgeons.

«Tout le monde est un peu groggy. On misait beaucoup sur ce millésime 2022 pour se relever des pertes subies l’an passé. Aujourd’hui, il y a surtout de la résignation». Pascal Lafenêtre, président du syndicat de défense et de contrôle des vins de Tursan, résume le sentiment qui règne dans les rangs des viticulteurs de son appellation après le nouvel épisode de gel qui a frappé les Landes, mais aussi de nombreux territoires français ces derniers jours.

Sur son exploitation de Classun, celui-ci a enregistré des températures négatives trois jours consécutivement. «L’an dernier, on avait eu -1,6 degré sur une seule nuit (du 6 au 7 avril 2021). Cette fois, on a commencé par -1 degré dans la nuit de samedi à dimanche, puis -2,3 degrés la nuit suivante et encore -0,9 le lendemain. Et encore, notre station météo est installée dans la partie haute d’un vallon». Les températures semblent effectivement être descendues encore plus bas par endroits. «On est sans doute allé jusqu’à -5 ou -6 degrés», confirme Serge Tintané, installé à Parlebocq, dans le secteur de l’Armagnac.

Toutefois, par rapport à 2021, les gelées sont intervenues dans un contexte quelque peu différent. Tout d’abord, le sinistre a frappé une semaine plus tôt cette année. De plus, après un hiver plus froid, les vignes affichent globalement des stades de développement moins avancés. Les phases végétatives peuvent aussi varier sensiblement selon les cépages.

Dans le Tursan, les cépages les plus précoces, à l’image du merlot, du tannat, ou encore du sauvignon blanc, présentent déjà quelques feuilles étalées parfois. Les autres sont encore à des stades précédents. «Cependant, on commence à voir des vignes où les bourgeons noircissent, mais c’est trop tôt pour savoir comment elles vont se comporter dans les prochaines semaines. Il faut sans doute attendre la fin du mois», indique Pascal Lafenêtre.

Conséquences commerciales

Au-delà de l’ampleur des dégâts, il est d’ores et déjà possible de dire que tous les secteurs ont été frappés, sans exception. «L’an dernier, on a enregistré 40% de pertes globales dans le Tursan, mais il y avait des disparités assez importantes d’une commune à l’autre, voire d’une parcelle à l’autre. Là, tout le monde semble logé à la même enseigne, poursuit le viticulteur de Classun. Mon père, qui a fait toute sa carrière dans les vignes, n’avait jamais connu de tels sinistres deux années de suite…»

Dans l’Armagnac, le constat est similaire. «Par rapport à l’an passé, il y a moins de débourrements, c’est vrai. Des cépages, comme l’ugni blanc, le baco, peut être même le colombard, sont à un stade où les contre-bourgeons sont à peine en gonflement. Mais il y aura des dégâts malgré tout, même s’il est impossible de dire leur ampleur aujourd’hui», confirme Serge Tintané.

Ce nouveau sinistre renvoie logiquement à la question de la couverture assurantielle des viticulteurs et la méthodologie de calcul des indemnisations (notamment avec le principe de la moyenne olympique).

Outre l’impact direct sur les vignes, les professionnels pointent aussi les répercussions sur l’aval et les conséquences commerciales que pourraient avoir de nouvelles vendanges réduites. «2021 a été une année compliquée, mais au niveau de notre appellation, on a pu compenser avec des stocks, fait observé Pascal Lafenêtre. Cette fois, ça risque d’être beaucoup plus compliqué…».

Déjà fragilisés par la campagne 2021, les structures de vinification et les opérateurs commerciaux nourrissent donc des inquiétudes légitimes. Au regard de l’environnement concurrentiel qui caractérise le secteur, en particulier à l’export, l’impossibilité de fournir un débouché peut être un handicap extrêmement préjudiciable. «Le fait de ne pas avoir de marchandise pour servir les clients, ça peut être catastrophique, souligne Serge Tintané. Or, la problématique va se poser très rapidement pour les vins qui s’inscrivent dans des rotations courtes, pour lesquels il n’y a pas forcément de stocks».

Après la chute des volumes subie l’an dernier, la viticulture régionale avait impérativement besoin que 2022 soit un bon millésime en termes de volume. Cet objectif semble déjà s’éloigner.

F. B.

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